La Tunisie figure, pour la première fois depuis son adhésion au FMI en 1958, sur la « liste négative » de l’institution monétaire, rendue publique le 5 janvier 2024. Le retard dans la conclusion des consultations en est la principale raison. Les différents experts en économie se sont montrés inquiets face à cette nouvelle classification.
Ce n’est pas le même son de cloche chez l’économiste Mourad Hattab qui affirme que c’est le FMI qui « doit figurer sur la liste noire de la Tunisie et non pas le contraire ».
Cité par l’agence TAP, Mourad Hattab a indiqué que la démarche de la Tunisie est judicieuse, étant donné que l’agenda imposé par le FMI aux autorités tunisiennes, au titre des réformes, représente des politiques orientées vers l’austérité, au détriment de la souveraineté monétaire nationale.
« Cette situation a mené à l’accroissement de l’inflation, à une concrétisation de l’indépendance de la BCT, ainsi que des pertes énormes subies par l’Etat tunisien, et une orientation claire vers des cours de change flottants », a-t-il dit.
Interrogé sur l’alternative possible et la rupture du lien avec le FMI, l’expert a affirmé que » plusieurs parties politiques prétendent qu’il n’y a pas d’alternative au Fonds alors qu’elles sont nombreuses et les pays d’Asie de l’Est l’ont prouvé en réussissant à couper les ponts avec la mainmise des Institutions impérialistes internationales « .
Il a souligné, dans ce contexte, que les filets internationaux de sécurité financière (Global financial safety net), constituent une alternative respectable en matière de financement et d’investissement, outre les fonds d’investissement qui ont les mêmes capacités du FMI. Pour Hattab, ces alternatives peuvent permettre à la Tunisie, ainsi qu’aux pays émergents de diversifier leurs sources de financement tout en évitant les impacts des chocs extérieurs.
Ces différents mécanismes, que l’on qualifie désormais de GFSN – filets de sécurité financière internationaux –, ont pour objectif de fournir des sources de liquidités externes (c’est-à-dire en monnaie internationale) lorsqu’un pays rencontre des difficultés pour honorer ses engagements financiers internationaux.