L’ancien Président de la République intérimaire du 15 janvier 2011 au 13 décembre de la même année, mais qui a, par modestie, refusé ostensiblement d’accéder à l’intérim du Palais présidentiel durant son mandat, vient d’achever la publication des péripéties de sa biographie et de ses multiples souvenirs à propos de la vie politico-sociale de notre pays et des événements qu’il a vécus depuis la lutte pour l’indépendance jusqu’à nos jours.
Ainsi que sa participation active à l’édification de la Tunisie moderne en occupant plusieurs postes ministériels et diplomatiques pour finir par avoir la charge de l’intérim de la présidence de la République qu’il a accepté finalement suite à l’intervention persuasive de Feu le Dr. Hamed Karoui.
Cette longue narration quotidienne des faits s’est étalée sur 215 jours entiers. Un véritable feuilleton qui n’a laissé que peu de lecteurs du journal « Al-Chourouk » indifférents.
Ce long feuilleton, faut-il le rappeler, a été conçu en collaboration avec la brillante journaliste Fatma Karray en 215 épisodes quotidiens, aussi différents et savoureux les uns que les autres…
Et la fine fin, voire l’apothéose de ces récits, issue d’une source bien fiable, a été les différentes appréciations de Si Foued auxquelles il a été amené à formuler concernant les apôtres anciens,et actuels aussi,de notre classe politique.
Il a agi en tant qu’homme politique chevronné, connu pour sa modération exemplaire, sa droiture et son haut sens de l’Etat auquel il a longuement contribué à son édification. Et cela dès l’indépendance à laquelle il a concouru avec efficience.
Il lui est arrivé même de sécher une fois ses examens du baccalauréat pour participer avec la jeunesse destourienne à assurer la sécurité du « Zaïm » Bourguiba lors de son retour triomphal le 1er juin 1955, au milieu d’une foule innombrable et enthousiaste, accourue de toutes les contrées du pays au port de La Goulette d’où le cortège s’est ébranlé jusqu’à la Médina de Tunis, exactement à la demeure du « Raïs », à « Rahbat-El-Ghnam ».
En tant qu’homme courtois de nature, il n’était jamais porté à la médisance, surtout à évaluer la valeur intrinsèque de ses confrères ou autres personnalités relevant de divers horizons, du moins il ne le disait jamais explicitement. Sauf cette fois-ci comme l’a déjà réalisé Feu Béhi Ladgham, l’ancien Premier ministre et bras droit du président Bourguiba durant une vingtaine d’années.
Mais n’empêche que Si Béhi a été maintes fois humilié par ce dernier en le traitant, entre autres, de « personne insipide ». Et cela, souvent en plein auditoire.
Toutefois, Si Béhi l’a bien écrit et médité dans sa volumineuse biographie parue vingt ans après son décès, selon ses strictes recommandations à son fils aîné.
Ces appréciations caractérielles rapportées ont émané de Bourguiba en personne quand il l’a déchargé de son poste de second du régime pour l’expédier en Jordanie en tant que « Monsieur bons offices » dans le grave et sanglant conflit ayant opposé à l’époque l’OLP de Arafat au roi Husseïn de Jordanie appuyé par son fidèle clan de bédouins.
Et alors qu’à la veille de son voyage au Proche-Orient, Si El-Béhi s’est rendu au Palais de Carthage, comme le veut le protocole à chaque déplacement hors du pays, pour prendre congé, notre président à vie a fait semblant de demander à son ancien bras droit : « Qui vois-tu en mesure de te remplacer à La Kasbah ? », lui dit-il malicieusement.
Et selon des sources fiables, Bourguiba avait déjà désigné en solo et tenu encore secret la nomination du grand financier Si Hédi Nouira, un Monastirien de souche comme Si Lahbib, au poste de Premier ministre.
Et Si Ladgham, en homme honnête, lui proposa une suite de noms, cités un à un et dont la plupart de ces personnalités sont de la connaissance du « Raïs ». Et qu’il a, de surcroit, toutes côtoyées de près…
Il a énuméré, entre autres, Mohamed Masmoudi qu’il jugea « peu fiable, voire à tendance matérialiste » ; et Ahmed Mestiri : « Mais celui-là, je ne pourrai jamais le commander », rétorqua-t-il.
Et c’est ainsi qu’un tas de personnalités ont été passés horriblement au crible d’un leader dévoré par le narcissisme.
M. B. Y.