Plus loin que la gare du TGM, en allant vers le port de Tunis, le quartier de Madagascar a fait rĂȘver des gĂ©nĂ©rations de baigneurs et de pĂȘcheurs.
Qui se souvient encore de Madagascar ? Dans le temps, il fallait dĂ©passer l’ancienne gare du TGM, laisser le garage Ford, le restaurant l’Ătable et le bar du Tourisme puis continuer tout droit.
Un lieu trĂšs prisĂ© du public, se trouvait ici : le fameux cafĂ© des Chaises longues, aujourd’hui disparu. On s’y asseyait sur des transats en regardant le manĂšge auquel se livraient les marchands de « trĂ©moline » et leurs clients, toujours pressĂ©s et munis d’une canne Ă pĂȘche et d’un couffin. C’est d’ailleurs ici qu’on continue Ă vendre les appĂąts pour les pĂȘcheurs qui aiment s’installer le long des canaux et du chenal.
Madagascar commençait lorsque l’avenue rĂ©trĂ©cissait, au niveau de la gare actuelle. C’est lĂ que mon pĂšre m’emmenait regarder les barques, manger du pain tabouna aux olives tout en admirant pĂȘcheurs, nageurs et vadrouilleurs.
Le Tout-Tunis populaire se retrouvait ici. On dit que le quartier tient son nom d’un kiosque tenue par une veuve de guerre qui y vendait des casse-croĂ»tes et autres collations. Comme on l’appelait madame Gaspard, par dĂ©formations successives, on a fini par prononcer Madagascar. Comme quoi chaque Ă©tymologie garde sa part de mystĂšre.
CP : La Tunisie d’antan
On venait Ă l’Ă©poque oĂč le port se trouvait ici, pour regarder passer les paquebots qui, raconte-t-on, provoquaient parfois des « inondations » sur les docks et mĂȘme jusqu’au quartier voisin de la Petite Sicile.
Que reste-t-il aujourd’hui de la magie de ce rivage impromptu ? AprĂšs avoir dĂ©passĂ© l’entreprise de commercialisation de la cellulose et le Yacht Club, je me suis vite rendu compte que les pĂȘcheurs Ă©taient toujours lĂ , mĂȘme en plein soleil. Les barques qui offraient une balade en mer – en fait, une minuscule traversĂ©e du chenal – ont quant Ă elles disparu. Comme les jeunes gars qui plongeaient dans les eaux profondes.
CP : La Tunisie d’antan
J’observe intensĂ©ment les lieux, revois la foule bigarrĂ©e, mesure la joie d’antan puis finis par repartir. Sur mon chemin, comme pour boucler l’itinĂ©raire, je retrouve au fond d’une impasse, le terrain d’entraĂźnement du Club Africain oĂč j’ai jouĂ© quelques matches homĂ©riques. Aujourd’hui, ce stade est en possession de l’Association sportive fĂ©minine. Quelques pas encore, au-delĂ des stands des fleuristes et Ă l’ombre des ficus, la mĂ©dina me tend de nouveau les bras.