Une visite à la Ghriba de Djerba permet de constater que les flux de visiteurs arrivent en permanence à la synagogue pour y découvrir l’un des aspects de la diversité tunisienne.
La beauté du sanctuaire, surtout durant la célébration de Lag be Omer, invite au recueillement et à la ferveur. Chaque détail est porteur de sens, chaque geste réveille l’immémorial et ces moments sont imprégnés d’une grâce feutrée qui inonde les lieux.
Parfois, des orants installés sur un banc, lisent des textes sacrés à haute voix et semblent profondément immergés dans les phrases qu’ils psalmodient. Leur image est inséparable des photographies de Jacques Perez qui a immortalisé leur posture dans les cartes postales des années soixante-dix et aussi plusieurs albums.
A la synagogue de la Ghriba de Djerba, l’accueil des visiteurs est indissociable des visages amis et toujours chaleureux de Sami et Khodir.
A l’entrée du sanctuaire, Sami est là qui tend une kippa ou un foulard et prononce quelques mots de bienvenue.
Parfois, il va jusqu’au puits qui se trouve au fond de la grande salle, en descelle la dalle de marbre et offre son eau, aux pélerins qui le désirent.
Toujours souriant et disponible, Sami est inséparable de la Ghriba où il officie à l’accueil depuis longtemps. En ce lieu chargé d’histoire et de ferveur, il a appris le vivre-ensemble dans la diversité et aussi les mille et une coutumes de la communauté juive ainsi que ses rituels.
Sa casquette inamovible fait office de kippa et s’il ne parle pas l’hébreu, il fait tout comme puisque les visiteurs du sanctuaire l’assimilent souvent à la communauté juive.
Sami est de ces personnes qui font la jonction entre les deux grandes composantes humaines de l’île de Djerba et, à sa manière discrète et efficace, maintient la tradition séculaire de l’accueil dans la plus vénérable des synagogues tunisiennes.
Après avoir fait quelques pas, on entre dans la salle des prières, après s’être déchaussé. Au seuil du saint des saints, Khodir est installé à côté d’une table sur laquelle sont déposées des bougies et des cartes postales. Depuis des décennies, Khodir est le gardien du temple de la Ghriba. Il en est la figure familière et le serviteur ardent.
Même s’il ne marmonne que quelques phrases, son accueil n’en est pas moins chaleureux. Veillant à tout, c’est Khodir qui oriente les visiteurs, répond à leurs questions et les introduit aux arcanes de la doyenne de nos synagogues.
Khodir vit à Hara Sghira où il aime s’installer à la terrasse du café qui longe la route vers Houmt Souk. Quelques familles juives vivent encore dans le village qui a mué entre son nom d’Erriadh et celui de Djerbahood qu’on lui donne souvent.
La Ghriba se trouve à un kilomètre du village et, pour le chabbat, ils sont encore quelques uns qui font ce déplacement à pied. Khodir fait partie de ces fidèles et, surtout, veille au quotidien à la vie de la synagogue à l’ancrage inébranlable.