Le festival de Cannes a débuté depuis 3 jours et pour un grand nombre des présents, c’est enfin un retour à la vie normale après deux années de privations et de restrictions diverses.
Le premier jour, la même effervescence habituelle d’antan, l’excitation pour les films à voir, les nouvelles rencontres, les retrouvailles avec les amis, dont certains n’avaient pas pu assister à la 74eme édition à cause de la pandémie du Covid. C’est « la résurrection » comme a dit une passante devant le Palais des Congrès et des Festivals. Elle a bien raison. C’est enfin la résurrection, le retour à la vie normale, sans distanciation physique, sans passes sanitaires, sans tests PCR et à l’exception de quelques personnes, sans masques enfin !
Pour les festivaliers, plusieurs nouveautés, dont certaines avaient été initiées en 2021. Par exemple la billetterie électronique, qui avait été adoptée en juillet 2021 pour éviter les files d’attentes et les rassemblements, est reconduite. Il est évident que ce système a ses qualités, mais il présente aussi des inconvénients.
Le premier jour par exemple, désagréable surprise pour tous. Pendant des heures, il a été impossible de se connecter sur le site de la billetterie, et lorsque cela avait été enfin possible, il ne restait quasiment plus aucun billet disponible.
Le soir, le service presse avait envoyé un e-mail pour expliquer que le site avait été attaqué, que des informaticiens travaillaient à le réparer, mais qu’en attendant, les journalistes pouvaient utiliser un autre lien leur permettant de réserver leur billet.
Qui avait attaqué le site du festival ? Dans quel but ? Pour quelles raisons ?
Aucune réponse n’a été donnée à ces questions. Quelques rumeurs sans aucun fondement, sans plus.
Depuis, cela s’est arrangé petit à petit, mais le problème est que les réservations ouvrent à 7h00 du matin, et à 07h01, il ne reste plus beaucoup de billets. Il est vrai que tout au long de la journée, des places sont mises au fur et à mesure à la disposition des festivaliers pour certaines séances, mais il faut pouvoir rester à l’affût en permanence pour essayer de prendre ces nouveaux billets. Ce n’est pas facile, surtout que les accrédités sont supposés être dans les salles de cinéma en train de visionner des films, et pas accrochés à leurs téléphones ou PC pour réserver des places !
Avant, à quelques rares exceptions, il était possible de trouver des places et de choisir le film et la séance qu’on souhaite. Il était d’ailleurs facile de voir quatre films, voire plus, en une seule journée. Il suffisait d’un peu d’organisation et surtout d’arriver un peu tôt devant les salles. Là avec ce système de billetterie électronique, c’est loin d’être le cas. On est parfois obligé de prendre les seuls billets disponibles, qui ne correspondent pas forcément aux films qu’on aurait souhaité voir, ou aux séances auxquelles on aurait souhaité assister. En effet, pour certains films, il est important de les voir avec un public élargi, et pas seulement entre journalistes. Par exemple, pour une tunisienne comme moi, pour certains films, en particulier les films tunisiens ou même arabes, il est souhaitable toujours d’assister aux séances ouvertes à tous les festivaliers et en présence de l’équipe du film. Cela permet de voir les réactions des uns et des autres, d’écouter les remarques des uns et des autres, de sentir l’émotion de la salle…
Un autre avantage de l’ancien système : les longues files d’attentes qui permettaient d’engager des discussions avec des gens qui viennent du monde entier et de débattre avec eux des films. Il est évident qu’un français, un arabe, un indien ou un ouzbek n’ont pas la même sensibilité, ni la même culture et ne peuvent voir un film de la même manière. Ces échanges avec ces étrangers (qui parfois deviennent des amis) sont très enrichissants.
Autre surprise cette édition, pas de sac festival pour les accrédités. C’est bien dommage. Mais c’est peut-être logique puisqu’en 2021, le festival avait décidé, pour des raisons sanitaires, de limiter les diverses publications, ce sac devenait donc inutile, mais uniquement en théorie, parce que les divers magazines, tels que Variety, Hollywood reporter et autres, continuent à être distribués quotidiennement. Le festival prend prétexte de la protection de l’environnement, moins de papiers, moins de déchets, moins de pollution… mais il est évident que cela fait aussi une sacrée économie. Surtout que les amoureux du papier sont désormais obligés d’acheter les divers catalogues qui sont en vente dans la boutique officielle.
A la place de ce sac, le festival a réservé une jolie surprise aux accrédités : pour célébrer le 75ème anniversaire, des affiches des éditions anniversaires précédentes ont été offertes à tous les accrédités Presse. C’est vrai que c’est un joli cadeau, qui a fait plaisir à plus d’un fan du cinéma ! Et qui sait, avec le temps, ces affiches deviendront peut-être des collectors !
Autre cadeau, une gourde a été distribuée aux accrédités presse. Cette gourde, portant le logo du festival, va remplacer les diverses bouteilles et cannettes de boissons. En effet, toujours dans le souci de préserver l’environnement et éviter au maximum les diverses manipulations et donc les risques de contagion, des fontaines fraiches ont été disposées dans plusieurs endroits du Palais de Festivals et des Congrès, pour permettre de remplir ces gourdes.
Autre nouveauté pour cette édition, des partenaires officiels qui ont disparu et d’autres sont apparus. Est-ce l’effet de la nouvelle présidence ? C’est ainsi par exemple que Renault, partenaire officiel du festival de Cannes depuis plus de 40 ans est remplacé par BMW, et Canal+ partenaire depuis 28 ans remplacé par France 2.
C’est ainsi d’ailleurs que la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes, diffusée mardi 17 mai 2022 par France 2 a réalisé sa meilleure audience depuis 2011 avec 1,77 million de téléspectateurs, selon les chiffres de Médiamétrie cités par la chaîne publique. En nombre de téléspectateurs, c’est quatre fois mieux que la cérémonie de l’an dernier sur Canal+ (424 000, soit 2,3 % de part d’audience), inhabituellement programmée début juillet à cause des restrictions dues au Covid. En 2019, la cérémonie d’ouverture, diffusée en clair sur la chaîne cryptée, n’avait attiré que 402 000 téléspectateurs (2,2 % de PDA).
Du point de vue de la part d’audience, il s’agit d’un « record historique » pour la cérémonie d’ouverture, qui a rassemblé 12,2 % des téléspectateurs entre 18 h 50 et 19 h 55, selon un communiqué de France 2.
Sur Brut, « les vidéos publiées à l’occasion de la cérémonie d’ouverture ont enregistré un total de 10,6 millions de vues à travers le monde, dont 5,2 millions en France », selon le communiqué commun aux deux groupes. En plus, « elles ont été diffusées sur Facebook, TikTok, Instagram, Twitter, YouTube et Snapchat ».
Neïla Driss