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Le rêve des Castelluzo

par Hatem Bourial
mardi 29 novembre 2022 09:54
dans Chroniques
Cabines de plage
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Cette chronique relate l’histoire des Castelluzo, la famille maternelle de notre ami Weld Ben Abdallah. C’est lui qui est le narrateur et pour ma part, je n’ai fait que transcrire ses propos.

Né dans les années trente, mon interlocuteur se souvient de sa grand-mère et raconte comment cette Sicilienne d’origine a fait toute sa vie en Tunisie. Ce sont beaucoup de moments d’émotion et également un témoignage de première main sur le vécu des générations antérieures.

Découvrons donc comment une Sicilienne née à Bizerte a fondé une famille, embrassé l’Islam et s’est pleinement intégrée à son environnement tout en gardant un caractère bien trempé.

**********
Du plus lointain de mes souvenirs, Mima était toujours là, présence rassurante, visage souriant et grand-mère sereine. Comme j’étais son premier petit-fils, elle avait pour moi une affection particulière. Pour dire les choses comme elles sont, j’étais son incontestable préféré et, avec le temps, j’allais devenir très proche d’elle, de ses petits secrets et du rêve qu’elle porterait toute sa vie.

Tout le monde appelait ma grand-mère Aziza. Seulement, son nom de naissance était différent puisqu’elle se nommait Anna Mathilde Castelluzzo. D’origine sicilienne, née à Bizerte, ma grand-mère avait embrassé la religion musulmane après son mariage avec mon grand-père Salah Ben Abdallah. Ils s’étaient connus à l’hôpital de Mateur.

Elle était infirmière et lui auxiliaire médical. Ils se marièrent pour le meilleur et Anna devint alors Aziza. Un jour que je lui avais demandé comment elle avait vécu sa conversion à l’Islam, elle me fit une confidence. Elle me révéla que, très jeune, à l’église avec sa famille catholique, elle s’amusait à faire des grimaces et tirer la langue au curé de sa paroisse.

Selon ses dires, elle n’avait jamais été attirée par la religion héritée de ses parents et se trouvait très bien dans sa nouvelle communauté. Elle me racontait tout. J’ai été son confident et celui à qui elle ouvrait son cœur et sa mémoire fertile.

Ma grand-mère avait non pas un secret mais une affaire qui la tourmentait en permanence et dont l’écho ne la quittait jamais. Ainsi parlait-elle très souvent de son père, mort en Amérique. Vito était tombé sous les balles de la mafia à Chicago et son frère Andrea aurait alors détourné sa fortune. L’oncle Andrea vivait également en Amérique où il avait immigré et ma grand-mère ressassait sans arrêt l’histoire de son héritage spolié et de son père trahi.

Vito et Andrea étaient devenus des figures familières. Tout comme Chicago, une ville qui me fascinait et que je découvrais parfois en allant au cinéma avec ma grand-mère. Aziza adorait les films de gangsters que nous allions voir sur grand écran, à chaque fois qu’elle venait à Tunis. En général, c’est après les moissons au domaine Sidi Othman Landari qu’elle réapparaissait à mon grand bonheur.

J’ai grandi avec cette mystérieuse histoire familiale chevillée à l’esprit. De temps en temps, comme pour me prouver la véracité de ses dires, Aziza me montrait des lettres reçues d’Amérique, des enveloppes bardées de timbres qu’un jour, elle a fini par me permettre de décoller. C’est dans ces moments de complicité, alors que je prenais conscience de la vie, que je suis entré dans le rêve de ma grand-mère. C’est de cette époque aussi que date ma passion pour les timbres-poste.

Toute mon enfance a eu pour arrière-plan cette histoire d’usurpation, la mort tragique de Vito et sa fortune passée entre les mains d’Andrea. Je ne sais pas si Aziza voulait incruster en moi son rêve de retrouver Andrea.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle m’a souvent promis la moitié de la fortune de son père si elle arrivait à la récupérer. Ou bien devais-je être celui qui était chargé par le destin d’aller en Amérique retrouver le trésor perdu et la trace lointaine d’un oncle oublié.

L’affaire tournait véritablement à l’obsession. Au point où dans la famille, plus personne ne prêtait attention aux propos décousus qui constituaient la sempiternelle litanie d’une grand-mère. Toute la famille prenait cette histoire comme le doux délire d’une femme vieillissante, un peu malade, de plus en plus sénile, avec une tendance probable à l’affabulation.

Mais moi, je savais que c’était vrai. J’avais comme on dit, tété cette histoire dans le lait et elle m’avait accompagné tout le temps. De plus, j’étais celui qui connaissait le mieux Mima Aziza. Elle me racontait tout et enfant, je buvais littéralement ses paroles.

Elle me racontait tout. Parfois avec un luxe de détails. Et j’apprenais le moindre rebond de notre histoire de famille. Je me souviens ainsi qu’un jour de juin 1915, sa mère Anna Giordano Castronova avait reçu un message de son époux Vito, parti en éclaireur aux Etats-Unis.

Il demandait qu’elle se prépare à un grand voyage. Elle devait prendre le bateau à vapeur de Tunis pour se rendre à Naples et de là, rejoindre Vito à New-York. Seulement, la nouvelle de la mort de ce dernier lui parvint entre temps.

Inconsolable, Anna se retrouva bientôt dans un dénuement total, avec deux enfants à nourrir et éduquer. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Anna réparait les filets des pêcheurs au port de Bizerte où travaillaient de nombreux Italiens.

La fille de la Mamma

**********

Plus tard, elle s’installera à Tunis, survivant à peine grâce à des emplois précaires qui lui permettaient de joindre les deux bouts. La famille vécut dans un dénuement presque total. Encore enfant, ma grand-mère n’avait que sept ans et son frère Tsiou n’en avait que cinq. Lui entrera en apprentissage et deviendra maçon et elle obtiendra un diplôme d’infirmière. C’est ainsi qu’elle a rencontré mon grand-père Salah à l’hôpital de Mateur.

Mima Aziza me racontait tout, y compris ses larmes et ses nuits blanches lorsque jeune fille, elle rêvait à l’Amérique lointaine et au souvenir de son père disparu. Jusqu’à sa mort à l’âge de 87 ans, le 12 mars 1980, elle ne ratait aucune occasion pour raconter son histoire et me relancer pour que je fasse quelque chose.

Même diminuée par la maladie d’Alzheimer, elle persistait dans son interminable espoir. Un jour, elle fut enterrée avec son rêve et moi, plus que jamais, je ressentais un sentiment de culpabilité. Je n’avais pas pu exaucer son rêve.

Pourtant, une occasion s’était présentée en août 1969 quand je décrochais une mission aux États-Unis d’Amérique. Mon employeur m’envoyait en stage aux USA pour des études pratiques auprès de plusieurs compagnies de production et de distribution d’électricité de la côte Est. J’étais alors fonctionnaire à la Steg, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, et mon départ était prévu pour le mois de septembre.

Lorsqu’elle l’apprit, ma grand-mère sauta de joie. Quelques jours plus tard, alors que j’allais la saluer avant mon départ, elle me remit un paquet enveloppé dans un tissu fané. C’était tout ce qu’elle avait gardé de sa mémoire familiale. J’héritais ainsi d’un dossier touffu qui comprenait de nombreuses lettres dont certaines remontaient au dix-neuvième siècle.

Pour ma grand-mère, l’affaire était pliée et il ne faisait aucun doute que j’allais retrouver la trace de son oncle Andrea et récupérer l’héritage spolié. Mima Aziza n’avait aucune conscience des années qui étaient passées. Seul importait l’héritage et la mission pour laquelle elle me désignait une nouvelle fois. Pour ma part, je savais que mon stage américain ne me laisserait pas le temps d’entreprendre des recherches ou me rendre à Chicago.

Mais pour elle, peu importe du moment que l’Amérique se rapprochait tout à coup. De plus, me promettre la moitié du trésor retrouvé signifiait dans son esprit que ma détermination en serait décuplée. Je l’embrassai, la serrai dans mes bras et lui fis la promesse que je ferai de mon mieux.

Le lendemain, installé dans l’avion de la TWA qui venait de décoller après une escale à Madrid, j’ai tiré la ficelle qui reliait le paquet de lettres que m’avait confié ma grand-mère. Et je commençai à lire.

Tags: nostalgieTunisie
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