Le quartier de Bab Aleoua a connu un grand bouleversement à la fin des années 1960. En effet, des immeubles modernes et une grande avenue sont venus créer un nouvel environnement.
Depuis, la configuration ancienne du quartier a complĂ©tement changĂ© et, Ă l’ombre de la mosquĂ©e de la rue Sidi BĂ©chir, c’est un nouvel urbanisme qui a vu le jour.
Englobant les quartiers de Bab El Fellah et Bab El Jazira, ces travaux ont également touché le grand cimetière du Jellaz qui a perdu son ancienne porte pour laisser la place au Pont de Carthage.
Aujourd’hui, seules de rares cartes postales d’Ă©poque permettent de se faire une idĂ©e del’agencement ancien de ces quartiers de Tunis qui Ă©taient habitĂ©s par de nombreuses familles.
A l’origine, la porte de Bab Aleoua commandait tous les accès de la capitale aux voyageurs arrivant du Cap-Bon et du Sud. C’est d’ailleurs toujours le cas avec les stations de louage et la grande gare routière.
Les alentours de la porte réunissaient dans le temps plusieurs artisans dont de nombreux Siciliens et Maltais qui avaient leurs « garages » de réparation des véhicules à chevaux.
La rue Sidi BĂ©chir Ă©tait ainsi l’axe qui menait jusqu’Ă la porte de Bab Aleoua et, de nos jours encore, cette partie des faubourgs sud de Tunis est nommĂ©e « rbat el mosran » Ă cause de la proximitĂ© des abattoirs.
Ce quartier est l’un des plus vivants du Tunis populaire. On y trouve en effet des marchĂ©s trèss frĂ©quentĂ©s Ă cause de leurs bas prix ainsi que des commerces de bouche des plus connus Ă l’instar du fameux Oueld Hnifa, marchand de lablabi historique Ă Tunis.
Quant aux immeubles modernes des annĂ©es soixante, ils ont subi bien des avanies et ne sont pklus que l’ombre de ce qu’ils furent.
Parfois qualifiĂ© de quartier de la dĂ©route urbaine, Bab Aleoua est en effet l’un des lieux oĂą le Tunis de la nouvelle ruralitĂ© croise celui de la classe moyenne en difficultĂ©.
Un peu Ă l’image de ce Tunis des faubourgs, les changements sont palpables et soulignent le vĂ©cu morose de quartiers qui se dĂ©litent dans une ville en perte de repères.
Car, au fond, ce qui vaut pour Bab Aleoua ou Bab el Fellah, vaut aussi pour l’ancien centre-ville europĂ©en et les faubougs nord, de Bab El Khadhra Ă Bab Souika.

