Il a suffi d’un dĂ©clic pour que toutes les lumières s’Ă©teignent et que je me retrouve virtuellement assis sur un fauteuil de cinĂ©ma.
Je me remĂ©morai alors la ronde des placeuses qui, lors de l’incontournable entracte, apparaissaient avec les pralines et les glaces.
Avec leurs tabliers immaculĂ©s, ces ouvreuses faisaient le tour de la salle et vendaient leur petit stock qu’elles portaient en bandoulière dans un petit casier.
Ces eskimos Ă©taient un vĂ©ritable dĂ©lice avec les saveurs de la fraise, de la pistache ou du chocolat. Ils faisaient partie du rituel d’une sortie au cinĂ©ma mais seront peu Ă peu supplantĂ©s par les mangeurs de glibettes.
Les ados de l’Ă©poque adoraient, une fois l’eskimo avalĂ©, gonfler le petit sachet qui le contenait et, d’un coup furtif, le faire Ă©clater avec le bruit explosif d’un ballon ou d’une balle.
Les mioches adoraient et du moment que cela perturbait les adultes qui attendait le film, c’Ă©tait d’autant plus bienvenu.
Tout cela m’est soudainement revenu Ă l’esprit lorsque je me suis trouvĂ© nez Ă nez avec un eskimo, emmitouflĂ© dans son anorak, souriant, comme surgi d’un temps dĂ©congelĂ©.
J’appris tout Ă coup que la marque n’existait que depuis 1968 puis, passĂ© par l’Ă©preuve du goĂ»t, je me rendis compte que les saveurs Ă©taient intactes et que la madeleine de Proust pouvait aussi prendre les contours d’une glace au chocolat.
Je me suis alors empressĂ© de rĂ©cupĂ©rer le sachet qui contenait l’eskimo et me voici vous racontant ce drĂ´le de dĂ©clic gourmand.
Flash back au cinĂ©ma et puis, vite, mon dico pour retrouver Ă la rubrique « esquimaux » la trace de ce peuple du grand nord qui s’embrasse en se frottant le nez sur celui de son vis-Ă -vis.
Car, c’est connu, un eskimo, ça vient du froid et ça s’apprĂ©cie aussi au cinĂ©ma !

