Le 25 juillet 1957, l’AssemblĂ©e constituante a votĂ© Ă l’unanimitĂ© l’abolition de la monarchie et proclamĂ© la RĂ©publique tunisienne. Deux annĂ©es plus tard, le 1er juin 1959, la Constitution tunisienne est promulguĂ©e.
Le pouvoir de Habib Bourguiba allait en se renforçant et son projet et celui de ses compagnons de jeter les fondations d’un Etat moderne continuait Ă faire des pas en avant.
C’est le 29 dĂ©cembre 1955 que Lamine Bey, le souverain rĂ©gnant, avait convoquĂ© une AssemblĂ©e constituante.
Le bey répondait ainsi à la revendication du Néo-Destour, réuni en congrès à Sfax en novembre 1955.
Le scrutin pour Ă©lire les dĂ©putĂ©s de l’AssemblĂ©e constituante aura lieu en le 25 mars 1956.
Le Front national mené par le parti de Bourguiba en sortira vainqueur, remportant la totalité des sièges.
Bourguiba allait alors ĂŞtre portĂ© Ă la tĂŞte de l’AssemblĂ©e, le 8 avril 1956. Dans la foulĂ©e, il est nommĂ© Premier ministre.
Dès ce moment, Bourguiba avait les prérogatives et toutes les cartes en main pour faire sauter le verrou institutionnel beylical. Ce sera chose faite le 25 juillet 1957 lorsque la nouvelle République le portera à sa tête.
Depuis sa montée en puissance, après son retour triomphal en juin 1955 et sa mise hors-jeu du camp de Salah Ben Youssef au sein du Néo-Destour, Bourguiba avait le vent en poupe.
Il misera alors sur de nombreuses réformes sociétales et politiques pour consolider le projet moderniste dont il fut le porteur.
Dès le 13 août 1956, un nouveau Code du statut personnel était promulgué, sapant ainsi les bases de la famille patriarcale.
La suppression des juridictions religieuses au profit des tribunaux ordinaires et la rĂ©forme du rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© foncière qui annexait les « habous » au domaine de l’Etat allaient dans le mĂŞme sens.
La RĂ©publique bourguibienne Ă©tait en marche et les grandes rĂ©formes allaient se succĂ©der jusqu’Ă la promulgation de la nouvelle constitution tunisienne.
En quatre années, de juin 1955 à juin 1959, Bourguiba et ses compagnons allaient fonder une Tunisie nouvelle et un Etat séculier et républicain.
Etablissant une véritable dictature de la modernité, Bourguiba choisira une méthode autoritaire pour ses réformes.
Pouvait-il en ĂŞtre autrement dans cet Etat fragile des premières annĂ©es de l’indĂ©pendance acquise le 20 mars 1956 ?
Existait-il une autre voie pour procĂ©der Ă cette rĂ©volution ? L’histoire rĂ©pondra un jour prochain Ă nos questions.
Quant au jeune pouvoir bourguibien, il n’allait pas tarder Ă vivre ses premières crises (crise de Bizerte, complots d’inspiration youssefiste, crise des coopĂ©ratives)…
