A la veille de la Fête nationale française, nous vous proposons de découvrir quelques pages d’histoire liées à la genèse de l’édifice qui abrite l’actuelle ambassade de France à Tunis.
Une histoire séculaire
Construit, il y a plus de 150 ans, ce bâtiment est incontestablement le plus ancien édifice qui se trouve à la confluence de l’avenue de France et de l’avenue Bourguiba.
L’actuelle avenue de France, au centre-ville de Tunis, est la plus ancienne extension connue hors de la médina historique.
En effet, au milieu du dix-neuvième siècle, cette avenue continuait en quelque sorte le Quartier franc où se trouvaient intra muros les résidences de nombreux Européens et les consulats étrangers.
Quand la médina se développait hors les murs
Se développant hors les murs de la médina, ce nouveau quartier allait être gagné sur des terrains marécageux et débouchera sur l’avenue de la Marine (notre actuelle avenue Bourguiba) qui venait d’être tracée pour relier Tunis à son avant-port.
C’est juste en face de l’ancien cimetière chrétien et de la chapelle dédiée à Saint-Antoine qu’allait être édifiée l’actuelle ambassade de France, à l’époque un simple consulat.
Notons que le consulat historique se trouvait à la rue de l’ancienne Douane, dans la partie basse de la médina de Tunis. Il s’agit du Fondouk des Français qui accueillit durant deux siècles les représentants de la Nation française.
Une œuvre des ingénieurs Caillat et Colin
C’est au consul Léon Roches que le nouvel édifice doit sa naissance. C’est lui qui a en effet convaincu Mhamed Bey de la nécessité de la nouvelle construction dont le terrain sera gagné sur les propriétés de la famille Ben Ayed.
Ainsi, une convention du 31 décembre 1859 fut signée pour l’édification du nouveau consulat. Les plans furent rapidement dressés par l’ingénieur français Philippe Caillat, alors en Tunisie pour diriger ma restauration des anciens aqueducs.
La construction fut ensuite confiée à Pierre Colin, un architecte qui travaillait alors pour le bey de Tunis.
Inauguré en 1861, le bâtiment connaîtra plusieurs restaurations
Le chantier démarra en 1860 avec la construction d’un pavillon central, précédé d’une cour d’honneur et ouvert sur des jardins dessinés à l’anglaise. Deux pavillons annexes seront construits plus tard pour parachever l’édifice.
Le pavillon central a été inauguré le 18 décembre 1861. Toutefois, alors que les travaux se poursuivaient, un bal fut donné dans les lieux en l’honneur du prince Napoléon en juin 1861.
Au fil des décennies, le nouvel édifice allait connaitre de nombreux aménagements. Ainsi, le pavillon central allait être restauré en 1890, avec la construction d’un nouveau grand salon. Les pavillons annexes seront reconstruits en 1904 sur les plans de l’architecte Raphael Guy. C’est de cette époque que date la grille de clôture dont une première ébauche avait été réalisée en 1889.
Du Consulat à la Résidence puis à l’Ambassade
Entre temps, le consulat avait été rebaptisé Résidence générale et gardera ce statut jusqu’en 1956 lorsque l’édifice deviendra l’ambassade de France en Tunisie.
La petite histoire a retenu les visites de plusieurs dignitaires français à l’image du président Emile Loubet en 1903 ou celles du général Charles De Gaulle en 1943 et 1953.
Désormais âgée de 157 ans, la chancellerie de l’ambassade de France à Tunis est ainsi le plus ancien édifice de l’avenue Bourguiba et un élément incontournable de la mémoire de la ville.