Elles sont nombreuses les zaouias qui, un peu partout en Tunisie, recèlent les mânes de saints personnages auxquels la population voue un véritable culte.
A Mahdia, loin des autres marabouts, comme surgie de l’Ă©ternitĂ© et des rĂ©miniscences antiques, Lella Bahria est pareille Ă une sainte de la mer.
C’est elle qu’on implore lorsque la pĂŞche n’est pas abondante ou les vents dĂ©favorables. Comme une madone des pĂŞcheurs, c’est elle aussi qu’on implore pour qu’elle protège les pĂŞcheurs en mer.
Le sanctuaire de Lella Bahria se trouve dans une grotte proche du rivage. Les femmes s’y rendent en procession pour honorer la sainte et prier pour son intercession.
Dans ce lieu secret oĂą il est difficile d’accĂ©der, les femmes allument leurs bougies puis les placent sous un rocher. Ce geste immĂ©morial a encore cours de nos jours dans le secret et la ferveur.
On peut y voir la foi tĂŞtue des paysans-pĂŞcheurs, on peut aussi y percevoir une filiation lointaine avec les rituels antiques de celles et ceux qui peuplaient le Cap Africa, longtemps avant la fondation de Mahdia ou les exploits des corsaires barbaresques.
Qui est vraiment Lella Bahria ? Seuls, le tumulte de la mer et le legs des siècles le savent. Mais ne dit-on pas « que sont les siècles pour la mer ? »