« Home sweet home »: l’expression est dĂ©sormais consacrĂ©e et s’applique aux pĂ©nates de tout un chacun, lĂ om l’on quĂŞte sĂ©rĂ©nitĂ© et rĂ©confort.
Au fil des quartiers rĂ©sidentiels du Tunis du vingtième siècle, il existe de nombreuses plaques qui, dĂ©posĂ©es au seuil d’une maison, lui attribuent un nom et, ce faisant, renseignent sur le profil des propriĂ©taires.
Cela peut aller d’un sobre « Villa Mary » Ă un Ă©nigmatique « Villa ThĂ©tis » en passant par les classiques « Mon Home » ou « Chez Nous ».
Ces plaques se trouvent un peu partout, disséminées dans la ville et ses banlieues. Elles attendent le geste de quiconque serait suffisamment patient pour les recenser et les classer.
Dans mon quartier de Montfleury, quelques-unes de ces plaques ont survécu aux mutations du quartier et irradient de poésie florale les passants.
Sous le signe des fougères ou des mimosas, invoquant la fragilité délicate des papyrus ou les mânes de la déesse Caelestis, ces plaques accrochent souvent mon regard.
Elles sont là , comme des invitations à retrouver une parcelle de la mémoire des premiers habitants de ces demeures, leurs rêves, leur poésie et leur aspiration à la tranquillité.
Ces plaques qui nomment les demeures sont très nombreuses et je rêve à haute voix de leur inventaire. Qui prendra sur lui de les photographier toutes et, peut-être retrouver leur origine?
En attendant, elles sont nombreuses Ă disparaĂ®tre sans laisser de traces, Ă sombrer dans l’oubli de ce qui n’a pas de grande importance.
Et pourtant ne portent-elles pas un peu de l’âme de nos quartiers? Ne sont-elles pas un pan de la mĂ©moire fugace de nos villes ?
De Bellevue Ă Mutuelleville, du BelvĂ©dère Ă La Cagna, de Radès Ă Carthage, ces rectangles de marbre continuent Ă nous interpeller silencieusement…
