Selon une expression consacrée, on ne dit pas à Tunis « une glace chez Bébert » mais plutôt « une glace de chez Bébert. La grammaire y trouve relativement son compte mais les gourmands en avaient certainement pour leur argent.
Sans me lancer dans une énième chronique consacrée au roi des glaciers de Tunis, force est de reconnaître que son souvenir convoque aussi celui des autres grands glaciers que furent Salem, Paparone, Pinocchio, Di Carlo, Ben Jemaa et consorts.
BĂ©bert, c’Ă©tait une lĂ©gende! Soutien des sportifs, des scouts et des artistes, très impliquĂ© dans la vie de la communautĂ©, il rayonnait Ă partir de sa modeste boutique de l’avenue de Paris.
Ses granités étaient les meilleurs de la ville et ses sabayons inimitables. Les multiples saveurs de ses glaces sont encore nichées dans nos papilles consentantes et la blancheur immaculée de sa veste dans toutes les mémoires.
L’Ă©tĂ© venu, BĂ©bert ouvrait une succursale Ă la Goulette et rĂ©galait les gourmands assoiffĂ©s. InstallĂ© sur l’avenue Roosevelt, il recrĂ©ait l’atmosphère de sa boutique tunisoise et apportait une franche concurrence Ă Alfred et Cacciola qui rĂ©gnaient Ă leur manière sur Kheireddine et Le Kram.
A la fin des annĂ©es 1970, BĂ©bert baissa dĂ©finitivement le rideau et partit sous d’autres cieux. De nos jours, l’immeuble qui abritait sa boutique a Ă©tĂ© livrĂ© aux dĂ©molisseurs et seul un parking provisoire se trouve sur les lieux.
Mais c’est dans nos mĂ©moires que survit le souvenir du grand BĂ©bert, acteur incontournable de la joie de vivre du Tunis du milieu du vingtième siècle.
