Comment ne pas compatir, comment ne pas apporter son obole, comment ne pas regarder dans les yeux cette misère qui envahit les rues de Tunis et probablement de beaucoup d’autres villes ?
De la rue Gamal Abdenasser au milieu de l’avenue de la LibertĂ©, j’ai dĂ©nombrĂ© 17 mendiants et une dizaine de clochards qui dormaient qui sur un carton, qui Ă mĂŞme le sol souillĂ© des rues de la ville. Les plus chanceux de ces SDF Ă©taient hĂ©bergĂ©s sous le prĂ©au de la mosquĂ©e El Fath, devenu le refuge improvisĂ© des sans logis.
Plus grave, en ce qui concerne les mendiants, la plupart sont clairement estropiĂ©s et devraient Ă tout le moins bĂ©nĂ©ficier d’une aide aux handicapĂ©s.
Par pudeur, je n’ai pas osĂ© photographier ces pauvres gens dont les pouvoirs publics semblent se dĂ©sintĂ©resser. Heureusement que les Tunisiens sont dans leur ensemble gĂ©nĂ©reux et ne manquent jamais de donner une aumĂ´ne aussi symbolique soit-elle. Comment aborder ce phĂ©nomène de la mendicitĂ©? Faut-il le rĂ©primer pour des raisons cosmĂ©tiques? Faudrait-il plutĂ´t recueillir ces pauvres hères et leur apporter le soutien des pouvoirs publics et de la sociĂ©tĂ© civile?
Les questions restent ouvertes et malgrĂ© la multiplicitĂ© des intervenants, rien ne semble ĂŞtre fait alors que la situation s’aggrave.
Qui aujourd’hui saurait nous dire d’oĂą viennent ces gens qui n’ont que leur sĂ©bile Ă tendre? Qui pourrait mener une enquĂŞte sĂ©rieuse pour comprendre les origines de cette situation et les racines du problème?
Il s’agit Ă mon sens d’une vĂ©ritable urgence devant une incroyable dĂ©tresse qui s’abat sur des individus n’ayant plus d’autre recours que la mendicitĂ©.
Bien entendu, ici et lĂ , des voix s’Ă©lèvent pour dĂ©noncer des bandes organisĂ©es qui utiliseraient des malades et des handicapĂ©s pour apitoyer les passants puis s’approprieraient les « bĂ©nĂ©fices » de cette activitĂ© qu’on dit fort lucrative. Les lĂ©gendes urbaines pullulent Ă ce sujet et nous n’y reviendrons pas.
Toutefois, la logique la plus Ă©lĂ©mentaire voudrait que ces personnes jetĂ©es Ă la rue soient interviewĂ©es pour savoir quels seraient les Ă©ventuels commanditaires, coupables de traite inhumaine Ă l’Ă©gard de personnes vulnĂ©rables. Que ces commanditaires soient alors punis et que toute la lumière soit faite.
Sinon, en ces jours de fĂŞte religieuse et de pèlerinage, il est insupportable de voir cette misère s’Ă©taler dans les rues alors que tout un pays ne songe qu’au mouton de l’Aid. RĂ©veillons-nous et prenons la mesure de cette situation tragique qui interpelle nos consciences…
Chroniques
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