Le doyen des clubs tunisiens encore en exercice n’est ni l’EspĂ©rance ni le Club Africain mais bel et bien l’Union sportive tunisienne (UST).
En effet, cette association sportive fondĂ©e en 1917 continue Ă exister Ă travers sa section fĂ©minine de football qui s’est rĂ©cemment illustrĂ©e en remportant le championnat de Tunisie en 2005 et la Coupe de la Ligue de football en 2016.
L’UST est nĂ©e il y a un siècle, après un incident grave qui, pourtant, allait devenir le moment de refondation du football tunisien.
A cette Ă©poque, la scène sportive Ă©tait dominĂ©e par les Ă©quipes d’origine française ou italienne Ă l’image du Racing Club de Tunis ou de l’Italia.
De rares Ă©quipes reprĂ©sentaient Ă l’Ă©poque le football tunisien. En ce temps, le Stade Africain rĂ©unissait les joueurs de confession musulmane alors que les juifs tunisiens militaient au sein du Stade Tunisois.
Une rencontre entre ces deux Ă©quipes allait mettre le feu aux poudres et dĂ©gĂ©nĂ©rer en Ă©meute. Devant ces graves incidents, la tutelle de l’Ă©poque dĂ©cida de dissoudre les deux Ă©quipes.
C’est dans ces circonstances que naĂ®tra l’UST dont la crĂ©ation avait pour ses fondateurs la valeur d’un symbole.
En effet, Ă ses origines, l’UST a pris la forme d’une association qui rĂ©unissait sous les mĂŞmes couleurs des joueurs juifs et musulmans. D’ailleurs, le premier comitĂ© de l’UST rĂ©unissait entre autres Albert Nataf et Salah Soudani qui sera plus tard l’un des fondateurs du Club Africain.
Sur le terrain, plusieurs des joueurs qui feront ensuite le bonheur du CA portaient la casaque bleue et blanche de l’UST. Citons par exemple Mustapha Zmerli ou Tijani Kabadou qui jouaient alors avec les Nessim Berrebi et autres Adolphe Bellaiche.Toutefois, la crĂ©ation de l’EspĂ©rance sportive et du Club Africain allait mettre un terme Ă cette expĂ©rience intercommunautaire. Depuis la fondation de ces deux Ă©quipes, l’UST deviendra le club de la communautĂ© juive tunisienne et connaĂ®tra d’ailleurs des annĂ©es fastes sous la prĂ©sidence d’Henri Smadja, Albert Haddad ou Moise Slama.
L’UST allait se distinguer en remportant trois titres de champion (1930, 1931 et 1933) et cinq coupes de Tunisie entre 1931 et 1935.
La Deuxième guerre mondiale allait mettre un terme Ă cette belle sĂ©rie. Devant l’arrĂŞt des compĂ©titions, les joueurs de l’UST se disperseront et l’Ă©quipe ne retrouvera les terrains qu’en 1945 avec l’apparition d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de joueurs et de dirigeants.
Toutefois, en 1950, l’UST allait rĂ©trograder en division infĂ©rieure et aussi retrouver progressivement son caractère d’Ă©quipe multiconfessionnelle. En effet, de nombreux juifs tunisiens avaient Ă cette Ă©poque quittĂ© le pays.
Devant l’Ă©migration massive des joueurs et aussi des supporteurs et des dirigeants, l’UST allait connaĂ®tre de nombreuses difficultĂ©s qui, peu Ă peu, mèneront l’Ă©quipe au plus bas de la hiĂ©rarchie sportive, en troisième division.
L’Ă©quipe de foot avait pourtant retrouvĂ© la Nationale en 1969. L’UST avait Ă©galement connu une gĂ©nĂ©ration de joueurs formidables dans les annĂ©es 1950-1960 avec les Popaul Perez, Kiki Lakhal et autres BĂ©bĂ© Slama. Rien n’y fera: le club sombrera.
Ce n’est qu’au dĂ©but du nouveau siècle que le club retrouvera des couleurs grâce Ă la crĂ©ation d’une section fĂ©minine qui s’imposera comme l’une des meilleures Ă©quipes de cette discipline.
Grâce aux efforts du docteur Jean-Pierre Liscia, prĂ©sident de l’UST durant cinquante ans, la continuitĂ© de l’Ă©quipe Ă©tait ainsi assurĂ©e malgrĂ© la dissolution de la section de foot qui avait valu au club ses titres de gloire et sa lĂ©gende intacte sur laquelle nous reviendrons prochainement.
