Une fois n’est pas coutume: improvisons-nous œnologue ! C’est que certains vins ne laissent pas indifférent et celui lancé il y a deux semaines par le domaine Néféris compte parmi ces nectars choisis.
Non qu’il soit exceptionnel! Mais dénommé Diamant Rosé, il porte les saveurs conjuguées du terroir de Khanguet el Hojjej, près de Grombalia, et celles des arômes qui font un vin estival choisi.
Assemblé en décembre 2016, ce vin a d’abord une fraîcheur innée. En effet, si on prend le temps de le découvrir, on ressentira un sillage d’agrumes voire un nez fleuri. Qu’on me pardonne cette dernière expression qui s’est imposée en humant ce vin puis, s’est matérialisée par de subtiles notes de pamplemousse et de pêche, subreptices mais persistantes.
C’est ainsi que naît un bon vin, porteur de la finesse de son terroir et d’une identité propre, clairement ancrée dans le vignoble du Cap Bon.
De fait, le premier contact avec un vin se fait par le regard posé sur sa robe. Celle de ce diamant Rosé peut surprendre car elle est quasiment diaphane, d’une pâleur de bon loi qui miroite dans d’impalpables reflets cristallins. Pour la cave Néféris, ce choix est celui de l’été mais cultive aussi la tendance selon laquelle le rosé penche vers la subtilité et non plus les couleurs éclatantes.
Mieux, les cépages Cinsault et Grenache qui donnent corps à ce vin d’une légèreté estivale deviennent l’atout maître qui invite à la contemplation vespérale. Un peu comme un songe d’une nuit d’été dans votre verre. Ou mieux, une invitation à l’églogue, entre tentation bucolique et ardeur épicurienne.
Ayant de longue date tourné le dos au rosés de nos crus tunisiens, cet alliage délicat, léger et aérien me montre la voie d’une heureuse réconciliation. Comment dire? Ce n’est pas un rosé comme tous les autres et les gemmes qui s’y sont glissés sont plus que convaincants.
D’ailleurs, le Groupement interprofessionnel des Fruits vient de distinguer ce rosé comme premier vin de l’année. Ce qui en soi est un signe. Et puis ce vin vient du Cap Bon, gouvernorat du soleil, garant de milliers d’années d’histoire qui, à notre grand bonheur, peuvent parfois résonner dans un flacon.
Ne dit-on pas que Néféris fut une cité libre du temps des Antonins ? Ne dit-on pas que ce domaine s’élève justement près de l’emplacement de l’antique cité? Et puis, ce domaine a su rester dans le sillage des De Rosières qui exploitèrent ce vignoble dans le passé. A l’instar des Licari ou des Almanza, ils nous ont légué une tradition que le charme discret d’un vin d’été fait subtilement renaître.