Je n’ai pas de mots pour dĂ©crire ma stupeur en constatant que presque tous les palmiers de Carthage sont morts.
Les uns, hiĂ©ratiques, sont encore debouts, mais sans leurs branches et feuillages. D’autres ont purement et simplement Ă©tĂ© sciĂ©s.
Paysage de dĂ©solation ! En quelques annĂ©es de gabegie et de dĂ©sordre municipal, le mal insidieux s’est installĂ© et a presque tout emportĂ©. Comme une tragique mĂ©taphore qui s’appliquerait Ă tout un pays…
Toute l’avenue principale de Carthage, celle qui va de la station Hannibal Ă la colline ou vers la mer, est ravagĂ©e.
OĂą sont les fiacres de nos enfances qui attendaient Ă la descente du train, avec leurs chevaux piaffant au soleil et leurs cochers Ă l’abri des palmiers ?
Que reste-t-il maintenant de cette avenue qui semble nue, dépouillée, souillée par une vermine qui se propage par métastases successives ?
Cette vision de Carthage me hante depuis quelques jours. Comme si un invisible Caton avait lancĂ© un nouvel anathème sur une ville trois fois dĂ©truite dans l’histoire…
Malheureusement, il n’y a pas que les palmiers de cette avenue qui sont dĂ©truits. Partout alentour, la mĂŞme tragĂ©die brise la beautĂ© d’un lieu insĂ©parable des silhouettes Ă©lancĂ©es et feuillues de ses palmiers.
Je suis triste, si triste… Resterait-t-il un espoir de voir certains palmiers renaitre ? Que fait-on pour sauver les rescapĂ©s? Et ailleurs que se passe-t-il ?
Il y a quelques annĂ©es, alors que le provisoire de sinistre mĂ©moire trĂ´nait au palais prĂ©sidentiel, je plaisantais en constatant qu’Ă Carthage, mĂŞme les palmiers marchaient sur la tĂŞte.
Mais Ă ce moment, je ne savais pas que rien ne serait fait pour sauver ces palmiers. Ou encore que les efforts de ceux venus Ă leur chevet seraient insuffisants, tardifs, vains et inutiles.
Faut-il se résoudre à dire adieu aux palmiers de Carthage ?
HB
