Pour ne rien vous cacher, j’ai essuyé une petite larme… L’ambassade d’Italie vient de quitter le centre-ville et ses locaux historiques entre la rue Jamel Abdenasser et la rue de Russie. Une page de l’histoire de Tunis se tourne, se referme presque.
En effet, l’ambassade d’Italie est la troisième chancellerie à déserter un centre-ville saturé, pollué, dénaturé par une pression intenable. D’abord, l’ambassade US, il y a quelques années, a enclenché le mouvement en allant s’installer aux Berges du lac.
Puis ce fut le tour de l’ambassade britannique de quitter des locaux qu’elle occupe depuis 1662 aux portes de la médina de Tunis.
Et de trois !
Et maintenant, c’est au tour de l’ambassade italienne de fermer les portes de l’immeuble de l’ancienne rue Essadikia… Désormais, il ne reste plus en ville que la chancellerie de l’ambassade française, installée au cœur de l’Avenue depuis 1861.
Tunis se transforme à grande vitesse et la disparition progressive des grandes ambassades du centre est un indice qui ne trompe pas. Les loisirs, l’argent, la politique changent de quartier, la richesse se déplace ailleurs vers les nouveaux centres d’une capitale qui connait une extraordinaire explosion démographique doublée d’un incroyable éclatement spatial.
Un édifice des années trente
Pour cette ambassade d’Italie, l’édifice est tout simplement admirable. Enfant, j’avais pu le visiter et j’en garde une impression de gigantisme et de lumière, avec un patio et des colonnes qui renforcent la majesté des lieux.
Construite en 1931, cette ambassade est l’œuvre de l’architecte Florestano Di Fausto, venu d’Italie au nom du régime de Mussolini pour dessiner les plans de cet édifice, un monument rare, représentatif de la tendance fascisante des années trente.
Un lieu de mémoire, un centre culturel, un futur musée ?
Une question désormais: que va devenir cet immeuble ? Restera-t-il confiné dans un abandon relatif, en souffrance de projet ? Les autorités italiennes escomptent-elles vendre cet édifice historique comme ce fut le cas de l’ambassade britannique de Bab Bhar, transformée en hôtel ?
Lieu de mémoire, cette ambassade mériterait un autre sort. Peut-être pourrait-on y concevoir un musée de la mémoire italienne en Tunisie ou bien un grand centre culturel qui maintiendrait une forme de présence italienne dans un centre-ville construit en grande partie par des émigrés italiens.
Les idées ne manquent pas pour préserver ce monument de la mémoire et l’installer dans la postérité de la mémoire italienne de Tunisie.
H.B.