C’est Ă la rue de l’ancienne Douane, non loin de Bab Bhar, que se trouve le Fondouk des Français.
Les deux fondouks français
Construit au milieu du dix-septième siècle, ce fondouk est en rĂ©alitĂ© un double Ă©difice comprenant la rĂ©sidence des consuls de France, depuis 1661, et un fondouk des commerçants qui servait d’auberge aux nombreux marchands de la nation française.
Donné en location aux consuls de France par les beys, ce fondouk changea souvent de mains durant sa longue histoire.
De Jean le Vacher Ă Chateaubriand
En effet, la France l’ayant quittĂ© en 1861 pour occuper le nouvel hĂ´tel consulaire devenu aujourd’hui l’ambassade française, le bâtiment aura une destinĂ©e troublĂ©e par de nombreuses occupations.
C’est le père Jean le Vacher, consul de France et Ă©galement fondateur de l’Eglise Sainte-Croix Ă la rue Jamaa Zitouna, qui occupa le premier ce fondouk.
Au fil des siècles, bien des visiteurs illustres ont résidé dans cette demeure parmi lesquels Chateaubriand à la fin du dix-huitième siècle.
La mémoire du Quartier franc
Ce fondouk des Français se trouve au cĹ“ur du Quartier franc de Tunis, le premier quartier europĂ©en de la ville. Autour de la rue de l’ancienne Douane et de la rue Zarkoun se trouvaient une dizaine de ces consulats Ă©trangers (France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Etats-Unis d’AmĂ©rique).
La plupart de ces ambassades ont disparu et les seuls Ă©difices qui tĂ©moignent encore de cette Ă©poque sont l’ancienne ambassade britannique en voie d’ĂŞtre reconvertie en hĂ´tel de luxe et le Fondouk des Français que nous Ă©voquons dans cette chronique.Ce dernier est dans un Ă©tat inquiĂ©tant pour ne pas dire lamentable. MalgrĂ© la plaque signalant qu’il s’agit d’un monument classĂ©, l’Ă©difice est en Ă©tat de dĂ©labrement avancĂ© avec risque de s’effondrer pour certaines parties.
Un exemple unique de l’architecture dĂ©fensive tunisoise
RĂ©cemment, les portes monumentales ont Ă©tĂ© pour l’une d’elles sortie de ses gonds et dĂ©posĂ©e sur le sol, en attendant une hypothĂ©tique rĂ©paration ou peut-ĂŞtre une disparition pure et simple au profit de brocanteurs sans vergogne.
Ces portes du fondouk sont puissamment cloutĂ©es et reprĂ©sentent un exemple unique de l’architecture dĂ©fensive de l’Ă©poque. A elles seules, elles donnent toute sa force Ă©vocatrice au site qui a abritĂ© la nation française et reprĂ©sente une tranche d’histoire tunisienne.
Une action urgente pour sauver les portes
Alors que l’Ă©tat du fondouk se dĂ©tĂ©riore chaque jour, il semble bien que les lieux sont vouĂ©s Ă l’abandon, dĂ©laissĂ©s au profit de leurs occupants actuels qui n’ont aucun moyen de les entretenir.
Une mort lente et silencieuse menace ces derniers témoins du Quartier franc et une action urgente pour sauver au moins ces portes est maintenant nécessaire.
H.B.
