Le prĂ©sident de la RĂ©publique reprend son bâton de pèlerin et le chemin du Qatar oĂą il effectue – dans le sillage de Rached Ghannouchi et de nombreux nahdhaouis – une visite officielle.
Que ramènera-t-il de son voyage dans le petit émirat gazier qui se voit comme la grenouille de la fable de La Fontaine ?
Au « bon » souvenir d’Al Jazeera
Nous le verrons bien dans les jours qui suivent, alors qu’il est Ă mettre Ă l’actif de BCE son travail de patience sur la scène internationale…
Soutien des Frères musulmans en Tunisie, le Qatar a dĂ©frayĂ© la chronique ces dernières annĂ©es et n’est plus en odeur de saintetĂ© parmi beaucoup de Tunisiens.
L’interventionnisme de cet Etat Ă travers sa chaine de tĂ©lĂ©vision Al Jazeera est dĂ©sormais un secret de polichinelle.
Interactions en Libye
C’est toutefois sur l’Ă©chiquier libyen que le pouvoir de nuisance du Qatar est le plus remarquable et, sans doute, après les voyages du chef du gouvernement au Maroc et en Libye, la visite de BCE aura un fort contenu diplomatique, tentant – Ă la tunisienne – d’arrondir les angles afin de gagner au gouvernement d’union libyen des soutiens dans un pays d’ Orient qui compte des alliĂ©s chez nos voisins du sud-est.
Au delà , BCE pourrait bien faire sa « Qatar sis » chez les émirs du golfe.
Gains politiques pour BCE ?
En effet, le président de la République pourrait habilement engranger les gains politiques de son rapprochement avec Ennahdha, tout en soulignant les spécificités tunisiennes aux émirs de cet Etat.
Depuis la rĂ©volution de 2011, le Qatar a fait bien des promesses sans nĂ©cessairement les tenir tout en affichant un soutien ostensible Ă ses supporters tunisiens. BCE est-il en train d’inverser cette tendance ?
La force morale de Bourguiba
Est-il en train de dĂ©montrer aux Qataris qu’il est difficile de diviser les Tunisiens et qu’il faudrait mieux les soutenir dans leur ensemble?
Issu de l’Ă©cole bourguibienne, BCE affiche une distance stratĂ©gique avec l’Orient arabe. S’il allait dans ce sens qui est traditionnellement celui de la Tunisie, nul doute que les bĂ©nĂ©fices politiques de sa visite actuelle seront nombreux. A moins qu’il ne fasse une autre forme de catharsis…
Platon, Freud et Aristote
Entre Aristote, Platon et Freud, BCE se souviendra-t-il que, chez les Grecs anciens, la catharsis revient Ă Ă©purer les passions, purifier les rapports, sĂ©parer le bon du mauvais? Car Catharsis est aussi libĂ©ration de la parole…
Dès lors, quel sera le parler-vrai de BCE face Ă ses interlocteurs du Qatar ? Saura-t-il leur dire que les Tunisiens sont jaloux de leur indĂ©pendance et ne sauraient tolĂ©rer les ingĂ©rences par agents ou argent interposĂ©s? Ou bien leur rappellera-t-il l’exemple de Bourguiba ?
Nos malentendus avec le Qatar
Attendons voir mais d’ores et dĂ©jĂ , soulignons que Catharsis rimerait avec « Qatar sis », Ă condition que la sincĂ©ritĂ© soit de mise… Sinon, les malentendus de la Tunisie rĂ©elle persisteraient dans la relation avec un petit Etat gazier qui, fort de ses pĂ©trodollars, prĂ©tend dominer un pays de haute culture que l’arrogance et la suffisance des pseudo-puissants rebutent toujours…
H.B.
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