Uniques au monde, les solos de violon de Ridha Kalai peuvent ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme l’une des contributions incontournables au patrimoine immatĂ©riel de la Tunisie.
Un archet magique
Debout, inséparable de son violon, Ridha Kalai a marqué au moins deux générations de Tunisiens et, douze ans après sa mort, tout un pays se souvient encore de lui, avec une vive émotion.
C’est qu’il mettait de la joie dans la musique, avec son sourire narquois en prime! Avant Ridha Kalai, les violonistes ne faisaient pas le spectacle mais se fondaient dans l’orchestre. Mais lui se distinguera Ă plusieurs titres.
Une brise novatrice
Virtuose, il l’Ă©tait jusqu’au bout des doigts. Et, par-dessus le marchĂ©, il pouvait enflammer une salle avec ses performances Ă©poustouflantes. Cet artiste osait, bouleversait les conventions, apportait avec lui une brise de changement, de nouveautĂ©.
Une vie vouĂ©e Ă l’art et au spectacle
Ayant grandi auprès d’un père tisserand, il s’initiera Ă la musique en frĂ©quentant la « zaouia » des artistes, la fameuse « khaloua » de Abdelaziz Jemaiel, non loin de la rue du Pacha.
NĂ© en mai 1931, Ridha Kalai est dĂ©cĂ©dĂ© en mai 2004. Une vie vouĂ©e Ă l’art et au spectacle. Durant les annĂ©es cinquante, il Ă©tait partout sur les scènes les plus prestigieuses mais aussi les estrades des quartiers de la fĂŞte.
Il était une fois El Manar
Ridha Kalai a inventĂ© avec son frère Ahmed et son ami BĂ©chir Jouher, ce qui sera le vecteur de l’innovation musicale de son Ă©poque. Il s’agit bien entendu de la fameuse Troupe El Manar dont il sera l’infatigable animateur.
C’est El Manar qui Ă©veillera notre musique Ă la modernitĂ©, avec entre autres l’utilisation de nouveaux instruments comme la trompette ou l’accordĂ©on. C’est aussi El Manar qui mettra le public tunisen face Ă une star de l’archet, doublĂ©e d’un rigoureux chef d’orchestre et d’un compositeur aux mille et une chansons.
Oulaya, Naama, Safia
A la tĂŞte d’El Manar, Ridha Kalai dĂ©couvrira bien des artistes auxquels il parvint Ă donner leur dimension populaire. Zina et Aziza, c’est lui et, pour ne citer que cet exemple, on n’invoquera pas les mânes de toute une gĂ©nĂ©ration de chanteurs.
Compositeur pour Oulaya, Naama ou Safia Chamia, Ridha Kalai a écrit des dizaines de nos plus belles chansons et, avec son violon, a donné à plusieurs airs traditionnels une autre dimension.
Vivant dans le dédale de nos oreilles
Son Ĺ“uvre demeure et la radio tunisienne lui reste fidèle, tout comme le public qui ne l’a pas oubliĂ©. Douze ans après sa disparition, ce grand maĂ®tre de musique demeure prĂ©sent, aimĂ©, bien vivant dans nos mĂ©moires et le dĂ©dale de nos oreilles.
E
t toujours fiers de lui, ses enfants Chaker, HĂ©la, Hichem, Samir et Ridha demeurent fidèles Ă sa mĂ©moire…
H.B.
