C’Ă©tait le 12 mai 1881, le fameux traitĂ© du Bardo mettait la Tunisie de l’Ă©poque sous la tutelle française. Près d’un siècle et demi plus tard, bien de l’eau est passĂ©e sous les ponts de la Seine et de la Medjerda…
L’Ă©cho du Protectorat et la naissance du mouvement national
Que savent les nouvelles générations des conditions de ce protectorat et de la manière dont il fut installé ? Que reste-t-il de la mémoire des beys, de Larbi Zarrouk, de la résistance populaire et des soubresauts du pays profond de la fin du dix-neuvième siècle ?
De fait, l’Ă©mergence d’un mouvement national ancrĂ© dans l’identitĂ© tunisienne, forgĂ©e depuis Carthage, les Aghlabides, les Hafsides ou les beys husseinites, naissait en mĂŞme temps que l’occupation de la Tunisie par une armĂ©e Ă©trangère.
Puis ce sera le temps de la lutte, de l’autonomie interne et de l’indĂ©pendance retrouvĂ©e et affirmĂ©e avec Bourguiba et le Destour, parti qui mèna le combat pour la libertĂ© au nom des Tunisiens.
Une date qui conditionne notre lecture de la modernité
Aujourd’hui, le 12 mai 1881 garde toute sa signification de moment historique important pour la Tunisie qui, de longue mĂ©moire conjugue Orient et Occident. Aujourd’hui, cette pĂ©riode qui ne prendra fin qu’en 1956 puis avec l’Ă©vacuation de Bizerte conditionne, parfois malgrĂ© nous, notre lecture de la modernitĂ©.
Alors que les historiens poursuivent leur travail de mĂ©moire et que les politiques tissent des liens entre France et Tunise, un cinĂ©aste vient de s’emparer de ce thème pour rĂ©aliser un documentaire intitulĂ© « Protectorat 1881 », un film entre documents historiques et narrateurs fictifs qui revient sur cette Ă©tape cruciale de notre histoire moderne.
L’histoire se rĂ©pĂ©terait-elle ?
Ce cinĂ©aste, Tarek Ibrahim vient d’accoucher d’une Ĺ“uvre forte et prĂ©cise, d’un document qui retrace l’hĂ©ritage et recherche ses tenants et aboutissants. Une Ĺ“uvre Ă dĂ©couvrir pour son iconographie qui va Ă la recherche de documents rares et la prestation toute en nuances de Sondos Belhassen qui, personnage immuable et aĂ©rien, multiplie les clins d’oeil Ă la grande histoire et aux beautĂ©s de la Tunisie.
Produit par Mohieddine Temimi, « 1881 » porte en filigrane une question : l’histoire se rĂ©pĂ©terait-elle? Sommes-nous en train d’entrer dans un Protectorat global ? La Tunisie saura-t-elle prĂ©server sa souverainetĂ© dans un monde dominĂ© par l’argent et la violence ?
Sous la défaite, la résistance
Il faut dĂ©couvrir ce film, montrĂ© en première lors du dernier « Doc Ă Tunis », pour ressentir l’acuitĂ© de ces questions, tout en redĂ©couvrant une page de notre histoire, l’amertume d’une dĂ©faite qui deviendra ensuite le lit de toutes nos rĂ©sistances.
H.B.