Nous connaissons tous la zaouia et la mosquée de Sidi Mahrez. Toutes deux se trouvent à Bab Souika. Mais rares sont ceux qui connaissent le sanctuaire secret de Sidi Mahrez qui, lui, se trouve à Bab Djedid.
Sidi Mahrez, défenseur du malékisme
ConsidĂ©rĂ© comme le saint patron de Tunis, Sidi Mahrez Ibn Khalaf a vĂ©cu dans la deuxième moitiĂ© du dixième siècle. A l’Ă©poque oĂą le chiisme gagnait du terrain en Tunisie, sous l’influence de la dynastie fatimide, Sidi Mahrez a Ă©tĂ© le fervent dĂ©fenseur du sunnisme malĂ©kite.
Il fut celui qui s’opposa au chiites et Ă Abou Yazid
Jurisconsulte de renom, il a tenu tĂŞte aux envahisseurs de Tunis, menĂ©s par Abou Yazid et fut Ă l’origine de la rĂ©sistance des Tunisois. L’expression « Yehrez Mahrez » est une lointaine rĂ©miniscence de cette Ă©poque lorsque l’exemple de cet homme engagĂ© avait rendu leur courage aux habitants de la ville attaquĂ©e. Cette expression signifie « Sans Mahrez, que serait-il advenu de nous ? »
Enterré dans sa propre demeure, Sidi Mahrez devint le saint patron de la ville et son lieu de sépulture, sa zaouia actuelle, est un sanctuaire parmi les plus visités en Tunisie.
La mosquée à coupoles, symbole de Tunis
La mosquée Sidi Mahrez est le nom qui, peu à peu, est devenu celui de la mosquée Mhamed Bey dont la fondation date de 1692. Comme elle se trouve en face du sanctuaire où repose le saint personnage, cette mosquée a fini par prendre son nom.
Il s’agit de l’unique mosquĂ©e Ă coupoles de Tunis et elle semble inspirĂ©e des mosquĂ©es ottomanes d’Istanbul. C’est sa silhouette aux nombreux dĂ´mes qui domine le quartier de Bab Souika.
Le lieu de retraite de Sidi Mahrez
Venons en maintenant au sanctuaire plus secret qui, Ă Bab Djedid, est liĂ© Ă Sidi Mahrez. Il s’agit d’un lieu de retraite dans lequel le saint personnage venait prier, se recueillir, mĂ©diter et aussi protĂ©ger la ville.
En effet, au dixième siècle, la tradition des mourabitoune Ă©tait encore vivace et les hommes de religion Ă©taient aussi les sentinelles de la ville et de l’islam.
C’est ainsi que Sidi Mahrez avait sa « khaloua » ( ce terme signifie lieu oĂą l’on s’isole) Ă peu près Ă l’emplacement actuel de la porte de Bab Djedid.
Mosquée des remparts et coutumes husseinites
De fait, cette porte de Bab Djedid ne sera Ă©levĂ©e qu’en 1276 et peu après, le sanctuaire original sera transformĂ© en une petite mosquĂ©e qui est toujours visible de nos jours.
On accède Ă cette mosquĂ©e par un escalier et elle porte le nom de khaloua de Sidi Mahrez. On peut en la visitant constater qu’elle fait quasiment partie des remparts de Bab Djedid.
Une tradition husseinite s’est maintenue jusqu’Ă la chute de cette dynastie. Elle consistait Ă rendre visite Ă la khaloua de Sidi Mahrez la veille de la Nuit du destin, le 26 Ramadan. Certaines familles continuent Ă observer cette coutume.
Rempart invisible et protecteur de la communauté juive
Tel est donc le second sanctuaire tunisois de Sidi Mahrez, saint patron de Tunis. ConsidĂ©rĂ© comme le rempart invisible de Tunis, le saint personnage du dixième siècle continue Ă rĂ©pandre sa baraka sur la ville alors que les habitants de Tunis visitent toujours avec une vĂ©nĂ©ration reconnaissante la zaouia de celui qui est aussi connu comme le protecteur de la communautĂ© juive Ă laquelle il a Ă©tĂ© le premier Ă octroyer le droit de citĂ© dans le quartier de la Hara qui se trouve non loin de son mausolĂ©e, clui de Soltane el medina…
H.B.