On se souvient tous de la rengaine « Chikli, chekla » que la galerie reprenait en chĹ“ur pour interpeller Attouga, le lĂ©gendaire gardien du Club Africain et lui rappeler l’ascendant que pouvait prendre sur lui l’attaquant espĂ©rantiste Abdejabbar Machouche.
L’ironie du sort Ă©tait que le propre père de Machouche Ă©tait un clubiste pur jus dont le rejeton, atterri chez les rivaux de Bab Souika, faisait toutes sortes de misères Ă la dĂ©fense du CA.
En ce temps, la fin des annĂ©es soixante, l’attaque espĂ©rantiste comprenait les Aouini, Torkhani et autres Ben Mrad alors que l’arrière-garde clubiste, rĂ©putĂ©e infranchissable, alignait les Jelloul, Rtima, Mrad et consorts.
Mais le derby dans le derby, le duel que tout le monde scrutait, opposait Machouche Ă Attouga. Le premier Ă©tait alors le buteur patentĂ© de l’EST et le restera jusqu’en 1972. Quant Ă Attouga, il avait dĂ©jĂ Ă l’Ă©poque, la stature de meilleur gardien du pays.
L’histoire est parfois ainsi faite et si Machouche sera chaque annĂ©e au tableau d’honneur des meilleurs buteurs de 1966 Ă 1971, il ne parviendra jamais en haut du podium.
Cela sera amplement compensĂ© par les buts assassins qu’il parvenait Ă marquer Ă Attouga et qui faisaient chavirer de bonheur les supporteurs de l’EST.
BĂŞte noire du grand Attouga, le tout aussi grand Machouche Ă©tait aussi rusĂ© qu’agile et ne faisait pas de dĂ©tail ni de cadeaux.
L’histoire de notre foot retiendra ces duels entre deux monstres sacrĂ©s d’une Ă©poque rĂ©volue. Duels qui sont au fond l’une des pĂ©ripĂ©ties du derby tunisois qui continue un siècle après la naissance des deux Ă©quipes, Ă allumer la passion et susciter le souvenir…