Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Degguiche et le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, ont été informés de la correspondance envoyée par la FIFA envoyée à la Fédération Tunisienne de Football (FTF) dans le but de s’informer sur ce qui se passe actuellement dans le football tunisien.
Le porte-parole de la FTF, Hamed Maghrebi, a confirmé, hier, sur les ondes de Mosaïque FM, que le président de la FTF, Wadii Jary a bel et bien montré la correspondance envoyée par la FIFA au ministre Kamel Degguiche.
La FIFA entre en scène
Une correspondance dans laquelle la FIFA demande des explications sur l’intention du ministère des Sports d’intervenir dans les décisions de la FTF concernant le dossier du Croissant sportif Chebbien et demande à être informée des détails des différents dossiers traités par de nombreux médias toutes ces dernières semaines.
L’instance internationale a également rappelé à la FTF les conséquences de toutes interférences du pouvoir politique dans les affaires sportives.
Il est à rappeler que la FTF est tenue de répondre aujourd’hui à la correspondance qui lui a été adressée par le ministère de la jeunesse, des sports et de l’intégration professionnelle en vue du respect de l’article 15 de ses statuts et l’appelant à organiser une assemblée générale des clubs pour voter dans le dossier de l’exclusion du CS Chebba.
Rappel des faits
L’affaire risque-elle de prendre une tournure politique, au vu des derniers événements que connaît la ville de Chebba, ce qui pourrait coûter très cher au football tunisien si la FIFA décide d’intervenir ?
Le ministre de la Jeunesse et des sports Kamel Gueddiche est entré en scène en haussant le ton face à la FTF et son président Wadii Jary.
En effet, lors d’une séance d’audition à l’ARP, le ministre a affirmé que le principe d’indépendance des structures sportives n’est pas absolu et que le ministère pourrait intervenir et dissoudre le bureau fédéral en cas de grave dépassement.
Il a dans ce sens appelé la fédération à « revoir sa décision qui n’est pas légale, étant donné le fait que le gel de l’activité d’une équipe sportive doit être soumis à une réunion de l’Assemblée générale des clubs ».
La FIFA interdit toute ingérence du pouvoir politique
Les déclarations du ministre peuvent-elles être interprétées comme une ingérence politique dans des affaires sportives ? En tout cas, la FIFA interdit toute ingérence du pouvoir politique dans les affaires des fédérations.
La réglementation de la FIFA énonce, et, notifie, en effet, que toutes les fédérations affiliées doivent gérer leurs affaires en toute indépendance, sous peine de se voir excommuniées de la scène internationale.
De fait, le pouvoir politique n’a aucun droit de s’immiscer dans les affaires de la FTF et la FIFA tout comme le CIO, n’admettent dans aucun pays que le pouvoir politique intervienne directement dans les affaires d’une fédération.
Jary Vs Mkacher
En décidant de geler les activités du Croissant Sportif de Chebba et de l’interdire de toute compétition au cours de la saison 2020-2021, la FTF avec, à sa tête, son puissant président Wadii Jarya, avait surpris tout le monde.
Pour comprendre ce qui se passe actuellement, il faut remonter à la saison 2018-2019 lorsque le Croissant Sportif de Chebba évoluait encore en Ligue 2. Champion de son groupe et donc promu en Ligue 1, le CSC refuse toutefois de disputer un match pour désigner le Champion de la Ligue 2.
Le CSC justifie son refus en expliquant que l’organisation de ce match par la Ligue Nationale de Football Professionnel arrive à un moment où la saison a été achevée depuis longtemps et coïncide avec la libération de plusieurs de ses joueurs.
Quelques mois plus-tard, le CSC refuse d’accorder sa voix à Wadii Jary qui se porte de nouveau candidat à la présidence de la FTF.
Pire encore, le président du CSC, Taoufik Mkacher décide même de s’attaquer directement à l’instance en entamant une action en justice civile pour vérifier les états financiers de la FTF. Jusqu’ici, Wadii Jary ne bronche toujours pas !
Au cours de la saison 2019-2020, le CSC devient la cible préférée de la Ligue Nationale de Football Professionnel qui ne l’épargne pas en lui infligeant une multitude d’amendes qui se sont accumulées au point d’atteindre les 203 mille dinars et de nombreuses sanctions administratives contre ses dirigeants.
Une ville en ébullition
Taoufik Mkacher exprime son intention de payer les amendes mais demande à la FTF l’échelonnement des paiements, ce que Wadii Jary refuse. Le CSC réplique et annonce son refus de payer plus de 200 mille dinars d’un trait.
Face au non règlement de ce montant, la décision a été prise par la FTF de déclarer le CS Chebba forfait pour la saison prochaine et de le remplacer par une autre formation. Une décision basée sur des arguments juridiques incontestables.
Etant dans son droit juridiquement, Wadii Jary n’a que faire de ce qui se passe désormais à Chebba, une ville en ébullition qui a perdu son maire et son Conseil municipal, démissionnaires et où a été décrété une grève générale.