Maintenant que la saison des festivals vient de prendre fin, c’est le temps de l’évaluation afin de donner à nos festivals, les plus prestigieux d’entre eux qu’on désigne par « internationaux », l’orientation qui répond à leur notoriété, à l’instar du Festival de Sousse, de Bizerte ou celui de Carthage.
Et le titre de « festival international » ne veut forcément pas dire « la réussite » ou « le succès garanti », certains parmi ces derniers ayant eu recours à des « détours » pas orthodoxes pour « assurer » des soirées supposées réussies. Contrairement à de « petits festivals » qui ont réussi eux des spectacles et des sessions de haute facture, à l’instar de celui de Djerba-Ulysse qui a su créer l’événement en invitant quelques artistes qui ont drainé la grande foule, comme Lina Chamamyan ou Cheb Khaled.
Et lorsqu’on dit « la grande foule », ce sont d’abord les citoyens locaux, mais surtout les hôtes du pays, les touristes qui viennent découvrir plus d’un aspect de notre Tunisie, culturel, artistique, naturel et bien plus que cela, particulièrement dans ces zones à vocation touristique.
Car les festivals, si c’est pour l’animation de nos différentes régions, c’est aussi pour faire la promotion de certaines spécificités de nos contrées, sachant que quelques célébrités attirent incontestablement des spectateurs de tout horizon et de tout pays, comme ce fut le cas pour la défunte Dalida, Bécaud ou le vétéran et dieu de la scène, Charles Aznavour, qui ont fait les beaux jours du Festival de Carthage.
Aujourd’hui, ce festival a beaucoup perdu de son aura et s’il a réussi quelques soirées, il en a raté beaucoup d’autres.
Car comment se fait-il que Cheb Khaled qui a créé l’événement au Festival Djerba-Ulysse en faisant le plein du théâtre de plein air de Houmet-Souk, avec une présence remarquée des nombreux touristes qui y séjournent, nos frères Algériens compris, ne soit pas programmé au Festival de Carthage ?
Lors de son spectacle à Djerba, Cheb Khaled est apparu comme à ses années de jeunesse, créant une folle ambiance et attirant un très grand nombre de spectateurs, contribuant de la sorte à faire connaître davantage l’Île aux Lotophages et sa beauté séculaire.
De ce fait, Djerba n’est plus ce petit coin pour bronzer seulement, c’est aussi une destination artistique et culturelle.
C’est le rôle qu’aurait du assumer le Festival de Carthage en programmant des artistes et des chanteurs d’envergure qui fascinent la foule et qui créent l’événement en attirant le maximum d’hôtes, faisant parallèlement la promotion des lieux, Carthage étant de notoriété internationale à faire découvrir par les nouveaux hôtes de la Tunisie, comme les Asiatiques, les Russes et autres.
Des concerts « gagnés » d’avance …
Il semble que cela est devenu une pratique courante chez certains de nos « artistes », les chanteurs bien évidemment, de « garantir » une présence assurée du public lors de leurs concerts dans certains festivals, en chargeant un de leurs collaborateurs d’acquérir un grand nombre de billets pour les remettre « gratuitement » aux voisins, proches, voire aux simples passants …
Si nous avons eu échos de cette « vedette » du rap qui a offert un billet pour deux achetés, la dernière qui a été largement diffusée concerne le dernier concert de Yosra Mahnouche pour lequel un « citoyen » n’a pas hésité à acheter, tenez-vous bien, mille billets (1000 billets), deux jours avant la date de ce spectacle. D’une valeur de 30 dinars l’un, cela fait la bagatelle de 30 mille dinars dans les caisses du festival (et une partie dans les poches de l’artiste, si ce n’est pas lui-même qui a déversé la somme) !
Il a été vérifié, semble-t-il, que 700 billets ont été achetés dans deux points de vente au Théâtre romain de Carthage, et les 300 restants dans une grande surface chargée de la commercialisation de ces billets.
Auparavant, plus d’un chanteur qui devait monter sur la mythique scène de Carthage, n’a pas trouvé mieux pour remplir les gradins que d’acheter les billets de son propre spectacle et de les distribuer gratuitement, l’essentiel étant de « prouver » la réussite de son show …
Le Festival de Carthage a raté une occasion d’être sur le podium et de jouer le rôle qui lui revient en faisant la promotion culturelle, et pourquoi pas touristique, étant donné les caractéristiques des lieux, mais cela restera toujours au niveau des vœux pieux…
A.B.
Tunis Hebdo du 27-08-2018