Le 29 novembre 2010, le RCD voyait déjà le danger venir de Sidi Bouzid. En effet, dans une “note urgente”, transmise dans le “secret absolu”, la cellule du RCD du Menzah alertait le secrétariat général du parti du danger que représentait un homme qui a réussi à réunir 11657 fans autour de lui.
Il s’appelle Salah, “Am Salah”.
L’homme est bien connu des Tunisiens et a Ă©tĂ© le sujet d’une campagne qui l’appelait Ă se prĂ©senter pour les Ă©lections de 2014, contre Ben Ali. L’homme, plutĂ´t simple d’esprit, s’Ă©tait rendu cĂ©lèbre par des vidĂ©os comiques qui circulaient sur Facebook.
Ce n’Ă©tait qu’une rigolade, bien qu’intentionnellement très ironique. Elle a Ă©tĂ© pourtant prise très au sĂ©rieux, comme l’indique un document qui nous est parvenu de source fiable.
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la cellule du RCD du Menzah voyait dans le plĂ©biscite de «Am Salah» des signes contre les symboles du rĂ©gime de Ben Ali. La page Facebook du «candidat» comportait, entre autres, une vidĂ©o de la famille d’un prisonnier politique. Selon certaines rumeurs sur Facebook, elle aurait Ă©tĂ© censurĂ©e dans un premier temps avant de disparaĂ®tre du rĂ©seau.
Un prĂ©cĂ©dent document que nous vous avons rĂ©vĂ©lĂ©, dans notre dernière Ă©dition, dĂ©montrait le rĂ´le du RCD dans le piratage et la surveillance des opposants et activistes. LĂ , il s’agit d’un autre volet, celui de la surveillance du cyber espace en gĂ©nĂ©ral.
Toute personne du RCD est mobilisĂ©e pour veiller sur la toile Ă la recherche d’informations indĂ©sirables. La procĂ©dure semble possĂ©der un schĂ©ma assez organisĂ©. Tout membre du RCD qui trouvait une page Ă censurer en rapportait l’adresse au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de sa zone. Celui-ci la transmettait au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du RCD sous forme de correspondance classĂ©e secrète.
Ce ne sont pas des structures rĂ©munĂ©rĂ©es ni Ă organisation centralisĂ©e. C’est visiblement chaque petit RCDiste dans son coin qui faisait de son mieux pour mĂ©riter les remerciements et les faveurs de son supĂ©rieur.
Selon certaines rumeurs, quelques centaines de personnes Ă©taient employĂ©es au palais de Carthage avec mission de tenir le contrĂ´le d’Internet. Ceci semble Ă prĂ©sent peu probable avec l’avancement des investigations.
Ammar 404 n’a en effet pas besoin d’un tel effectif salarial. Il a toute une armĂ©e de RCDistes pour fouiller le web. C’est la tâche la plus difficile et qui requiert le plus de main-d’Ĺ“uvre. Ces mouchards passent ensuite l’information Ă des dĂ©cideurs qui transmettent Ă ceux qui exĂ©cutent la censure en intervenant techniquement sur les rĂ©seaux.
Le mythe d’Ammar, Ă l’image d’une organisation fermĂ©e, dans un bunker Ă la pointe de la technologie, s’estompe. Ammar avait ses membres partout dans le pays et mĂŞme Ă l’Ă©tranger…