Des hommes de politique comme Kamel Morjane ou encore Mohamed Jegham, qui ont fait leurs temps sous Ben Ali, peuvent-ils jouer un rôle dans une Tunisie post-révolution ?
Pour plusieurs Tunisiens, il est inadmissible que des anciens de Ben Ali gouvernent aujourd’hui, mais pour une autre frange plus avertie, tout est possible tant que les AmĂ©ricains en ont dĂ©cidĂ© ainsi !
Cette idée nous mène à la conclusion hâtive que des hommes comme Morjane et Jegham sont appréciés par la Maison-Blanche et que, peut-être, aucun autre parti d’idéologie opposée aux valeurs et aux principes des Américains ne peut avoir le soutien de la première puissance mondiale. Donc à première vue, tout parti islamiste, dont « la façon de vivre » fait tant peur aux Américains, est exclu !
Cette conclusion est fausse si on en croit les rĂ©vĂ©lations d’algerie-focus. En effet, selon le mĂ©dia algĂ©rien « six ans avant la chute de Ben Ali, Washington prĂ©parait dĂ©jĂ la carte islamiste pour la Tunisie ».
En effet, d’après Algérie-Focus, c’est Redwan Masmoudi, un ingénieur tunisien vivant aux États-Unis, qui a été le lien, dès 2005, entre «des diplomates américains et des représentants de mouvements islamistes tunisiens». Et le site d’ajouter : «Financé entre autres par le département d’État américain, Masmoudi fonde en 1999, le Centre for the Study of Islam & Democracy (CSID), genre de think thank qui prône le dialogue entre laïcs et islamistes». Il a même, en 2006, mis en relation directe une envoyée spéciale américaine avec Hamadi Jebali, d’Ennahdha, alors que celui-ci était en… résidence surveillée.
D’autre part, Hamadi Jebali, invité à participer à un forum organisé par le CSDI, le 9 mai dernier à Washington, a pu avoir des rendez-vous, toujours selon Algérie-Focus, avec Joe Libermann, du Sénat américain, John Macain le républicain et John Kerry le démocrate, mais également avec Margaret Nardi, directrice de l’office of Maghreb affairs.
AlgĂ©rie-focus n’est pas la seule Ă s’aventurer dans ces rĂ©vĂ©lations. Maghreb Confidentiel, dans un article publiĂ© le 25 mai 2011 et intitulĂ© « Washington prĂŞt Ă jouer la carte de l’islam soft », avait dĂ©jĂ avancĂ© que  » Washington multiplie les appels du pied en direction du mouvement de Rached Ghannouchi, qui caracole en tĂŞte des sondages ».