Que serait la rĂ©volution tunisienne sans les Tunisiens qui sont sortis dans les rues et ceux qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les balles de la police ou l’armĂ©e? Les martyrs de la Tunisie ont sans aucun doute fait changer la donne. Ils ont accĂ©lĂ©rĂ© le mouvement de grogne et de mobilisation du peuple. Mais la rĂ©volution tunisienne a aussi Ă©crite par le sang de ses blessĂ©s. De courageuses personnes qui ont tout dĂ©fiĂ© et qui n’ont pas eu un destin mortel.
Mais c’est une dure rĂ©alitĂ© qui a accueilli ces jeunes Tunisiens, une indiffĂ©rence totale comme ils le dĂ©crivent, non seulement de la part du gouvernement tunisien, mais aussi de la part des autres Tunisiens.
Certains y sont passĂ©s entre temps. DĂ©cĂ©dĂ©s des suites de blessures graves qui n’ont pas Ă©tĂ© traitĂ©es, faute de moyens. D’autres souffrent le martyre et s’affaiblissent chaque jour un peu plus, faute d’ĂŞtre soignĂ©s. Des vies entières sont chamboulĂ©es du jour au lendemain ou des familles souffrent de se voir dans l’incapacitĂ© de prodiguer les soins nĂ©cessaires Ă leurs enfants. Beaucoup de questions se sont posĂ©es Ă plusieurs reprises, Ă chacun des appels de leurs proches: « nos vies ne seraient-elles pas assez importantes pour qu’on nous prenne en charge? » « Est-ce de notre faute de ne pas avoir les moyens de payer les cliniques et les mĂ©dicaments » …
Entre temps certains se sont mobilisĂ©s. Tous les chemins possibles ont Ă©tĂ© empruntĂ©s: blog, mĂ©dia, sit-in… On notera le combat de certains militants de l’association Nawaat dont Ramzi Bettibi qui est allĂ©e auprès des familles et qui a organisĂ© des sit-in devant les ministères pour que la voix de ces familles en dĂ©tresse soit entendue. Ils ont pris l’initiative de former un collectif nommĂ© « Nsitni », regroupant les blessĂ©s et leurs familles, dans le but de faciliter les choses et prĂ©senter un vrai vis-Ă -vis. Et ça a fini par payer, du moins payer par un lot de promesses, non tenues Ă ce jour, de prises en charge mĂ©dicale complète de la part du gouvernement.
Et c’est après un ras le bol gĂ©nĂ©ral et un sentiment de dĂ©gout et de colère très perceptible, que certains membres du collectif Nsitni (blessĂ©s et familles de blessĂ©s) dont deux militants Nawaat ont entamĂ© une grève de la faim, depuis hier, ouverte jusqu’à la prise en charge inconditionnelle et immĂ©diate des blessĂ©s, dont les cas les plus urgents sont dans le local actuel de Nawaat Ă Beb Bnet. Sans autres moyens d’action et face Ă l’urgence de la situation, une telle action Ă©tait sans appel, d’après les grĂ©vistes.
Ă€ quelques jours des Ă©lections, cette grève est un signe fort de personnes qui ont contribuĂ© Ă ce qu’on va vivre ce dimanche. Dans l’espoir que cette action ne soit pas oubliĂ©e par le tsunami mĂ©diatique de ce vote pour la constituante.
