Sur une vidéo mise en ligne par Nawaat, monsieur Mohamed Pournik, chef du groupe de lutte contre la pauvreté aux Nations Unies déclare que lors de sa visite en Tunisie en février 2011, il s’était senti comme à Téhéran en 1980. À la question « pensez-vous que la Tunisie deviendrait une République islamique, Mr Pournik répondit par la négative, en argumentant que la Tunisie de nos jours est au même stade de développement que l’Iran d’aujourd’hui et non de l’Iran d’il y a trente ans, que le niveau d’éducation est très élevé en Tunisie, et que les acquis sociaux sont déjà considérables.
Et monsieur Pournik d’ajouter que les membres du parti Ennahdha sont plus « ouverts » et plus « impliqués ». Mr Pournik prend l’exemple de l’obligation de porter le voile pour les Iraniennes qui n’a été imposée qu’après le départ des modérés.
Tout parallèle entre la révolution iranienne et celle de la Tunisie relève de l’aberrance, cependant, il existe certaines similitudes non négligeables et ce n’est pas pour rien que les Américains et en particulier les républicains ont comparé l’intervention d’Obama en ce qui concerne le printemps arabe à celle de Jimmy Carter pour la révolution iranienne.
Ces similitudes, nous pouvons les voir dans les comportements étrangers à la société tunisienne, et qui prolifèrent à une vitesse vertigineuse. Ces mêmes similitudes qui ont été décelées dans le film franco-Iranien de Marjane Satrapi, Persépolis, qui lui aussi, et indépendamment de l’atteinte au sacré pour laquelle la chaîne qui l’avait diffusé a été attaquée, a beaucoup dérangé !
On peut alors se poser un tas de questions: Sommes-nous face à une « iranisation » de la société tunisienne ?
Les « modérés » d’Ennahdha seront-ils réellement capables de traverser ce cap vers une vraie démocratie qui garantit les droits, tous les droits, ou vont-ils céder aux pressions des plus radicaux ?
Sauront-ils maîtriser ces appels de plus en plus insistants d’une partie de leur base électorale qui exige l’application de la Charia, et tente de l’appliquer manu militari ?
Le religieux prend, de jour en jour, une grande place dans la société tunisienne ; tenues vestimentaires, barbes qui poussent, prières dans la rue, émissions télévisées, prêches dans les mosquées, mais aussi dans les cafés et les transports en commun, conférences de cheikhs salafistes, mariages coutumiers contractés en toute illégalité, mais aussi en toute impunité et j’en passe…
Cette tentative de « ré-islamisation » des mœurs, de remodelage d’une société ancrée dans le modernisme depuis plus d’un demi-siècle dérange plus d’un, mais ne représente vraiment pas un réel danger tant qu’elle n’est pas institutionnalisée. Le jour où elle le sera, il en sera tout à fait autre !