C’est le montant dont Jebali a exprimĂ© le besoin chaque an et pour les deux prochaines annĂ©es, lors de sa rĂ©cente visite Ă Riadh, pour relancer le processus de dĂ©veloppement.
Faisons vite la conversion. C’est Ă peu près un milliard d’euros de plus par an qu’il nous faut. Et ce, en plus de ce que l’UE et autres bailleurs de fonds, ont d’ores et dĂ©jĂ promis Ă la Tunisie, et qui après Ă©tudes d’experts sur le terrain, ont finalement arrĂŞtĂ© lors de la rĂ©union du G8 de mai dernier, un montant de 25milliards d’euros sur cinq ans pour financer le plan jasmin de B.CaĂŻed Essebsi. Soit 5 milliards d’euros par an dont on a dĂ©jĂ appris par la voix de Boris Boilon, l’ambassadeur de France en Tunisie, que l’Union europĂ©enne a dĂ©jĂ dĂ©bloquĂ© la moitiĂ©, dès le dĂ©but de l’annĂ©e, en faveur de la Tunisie, Ă savoir 2,5Milliards d’euros.
Il est cependant vrai que la physionomie en mai 2011 n’avait pas tout Ă fait la configuration telle qu’elle s’est prĂ©sentĂ©e Ă la fin de l’annĂ©e, oĂą contrairement Ă ce qui Ă©tait attendu, elle s’est dĂ©tĂ©riorĂ©e pour se trouver en rĂ©cession de -1,8%. Il faut aussi se rappeler que le budget 2012 votĂ© in extremis en dĂ©cembre dernier n’a pas Ă©tĂ© mĂ»rement dĂ©battu en fonction des nouvelles donnĂ©es Ă©conomiques. En revanche, il Ă©tait prĂ©vu qu’un budget complĂ©mentaire actuellement en phase de prĂ©paration, serait votĂ© vers fin mars c’est Ă dire, dans un peu plus d’un mois.
Profitant de la rĂ©union de Davos, courant janvier, l’actuel chef du gouvernement a donc pu rencontrer nos partenaires europĂ©ens, et en a profitĂ© pour exprimer la parfaite aptitude de son gouvernement Ă prĂ©server un climat de confiance, propice Ă l’investissement, tant Ă l’intĂ©rieur qu’Ă l’extĂ©rieur, et ainsi propulser plus en avant la coopĂ©ration Ă©conomique et financière avec la Tunisie. Christine Delagarde, Ă©tait mĂŞme venue tâter sur place, le pouls des affaires et est repartie satisfaite en rĂ©itĂ©rant la disposition du FMI Ă aider la Tunisie si besoin est, sachant que notre pays en cotant BBB avec une surveillance nĂ©gative pourrait très bien tomber Ă CCC qui est un seuil spĂ©culatif (donc forcĂ©ment Ă risque) pour les bailleurs de fonds qui pourraient augmenter le loyer de l’argent pour la Tunisie.
Oui, car il faut savoir qu’en Italie, par exemple, les bons du TrĂ©sor italien sur 10 ans sont actuellement cotĂ©s aux alentours des 7%. C’est beaucoup! Il est important de prendre conscience qu’un taux de ce genre n’est pas facile Ă gĂ©rer, surtout par une Ă©conomie qui sort d’une rĂ©volution et qui ne possède pas des ressources naturelles suffisantes pour en supporter la charge financière. Autrement dit, si l’argent empruntĂ© ne fait pas « effet de levier », en crĂ©ant suffisamment de richesse pour rembourser, on peut très bien se retrouver en face d’une situation « d’effet de massue », oĂą il sera difficile de rembourser la dette. Et si c’est le cas, ce sera la faillite, laquelle nous ramènera dans la situation qui Ă©tait la nĂ´tre vers 1880, juste avant que les bailleurs de fonds, ne nous mettent en situation de « protectorat ».
Dieu nous en prĂ©serve! Car depuis la nuit des temps, la Tunisie a toujours remboursĂ© ses dettes, rubis sur l’ongle et que ce faisant, quelques 93% des investissements directs Ă©trangers (IDE) sont en provenance de l’Europe, particulièrement de la France, l’Allemagne et l’Italie qui nous font confiance, dans la gestion de la dette publique, extĂ©rieure notamment.
Or seulement 7% d’investissements type IDE, soit le reliquat, nous provient des pays du Golfe. Avec la vague de froid qui s’est abattue sur notre pays et qui a causĂ© une infinitĂ© de sinistres, la situation Ă©tait propice Ă la sensibilisation, via les mĂ©dias, par rapport Ă un besoin d’un milliard (de dollars? d’euros?), en partie pour la compensation des dommages subis, particulièrement dans les rĂ©gions du Nord-Ouest, les plus sinistrĂ©es, et ce sans doute pour boucler concomitamment le schĂ©ma de financement que s’apprĂŞte Ă finaliser la nouvelle gouvernance au titre de l’exercice 2012.
Comme quoi « A quelque chose malheur est bon »! Car, il va sans dire qu’un recours Ă l’endettement de ce qui Ă©tait prĂ©vu (5 milliards d’euros auprès de l’UE) est hors de question, dans la mesure oĂą il pourrait nous charger, au-delĂ , de nos possibilitĂ©s de remboursement et, ainsi, nous faire risquer vers une situation semblable Ă celle qui met Ă genoux un pays, comme la Grèce. Surtout que l’Europe, dĂ©sormais exsangue, risque elle-mĂŞme d’ĂŞtre entrainĂ©e dans le grand trou noir.
Jebali semble avoir compris le danger en se pressant d’aller rendre visite aux pays du Golfe, particulièrement en Arabie Saoudite. Une visite qui en a Ă©tonnĂ© plus d’un, en raison de la prĂ©sence sur son sol de l’ancien prĂ©sident en fuite, pour tenter d’obtenir cette fois, carrĂ©ment des dons, des dĂ©pĂ´ts et prĂŞts prĂ©fĂ©rentiels pour aider au dĂ©veloppement de la Tunisie, quitte Ă faire des concessions au plan de la rĂ©glementation…
Personnellement je ne voudrais pas critiquer une telle dĂ©marche. La situation est telle que l’Ă©quation a dĂ©jĂ compilĂ© trop d’inconnues pour prĂ©tendre la rĂ©soudre autrement. Ă€ qui la faute? Ce n’est pas le moment d’en dĂ©battre. Le pays passe par un moment difficile et ce ne sont pas les « prĂ©misses » de reprise annoncĂ©e par la BCT qui vont y faire grand-chose. Car dans une Ă©conomie qui dĂ©truit des emplois et qui Ă force de lui injecter des fonds ne fait que crĂ©er de l’inflation, dĂ©jĂ devenue intolĂ©rable, la solution est ailleurs; tant il est vrai que parfois « la faim justifie les moyens » et tant que les concessions ne dĂ©passent pas la ligne rouge.
