Les élections des représentants des étudiants au sein des conseils scientifiques des institutions universitaires du pays ont donné lieu à un véritable raz-de-marée de l’Union Générale des Étudiants Tunisiens de la mouvance qui vient d’obtenir quelque 250 sièges sur 284 possibles alors que les étudiants de leur adversaire, l’UGTE issue d’Ennahdha, ont obtenu le reste.
En réalité, personne ne s’attendait à un tel résultat connaissant la capacité de mobilisation des étudiants nahdhaouis surtout à la veille des vacances de printemps et surtout les moyens matériels dont ils disposaient.
Ces résultats doivent faire l’objet d’une analyse approfondie pour toutes les forces politiques du pays afin d’en déterminer les tenants et les aboutissants.
À notre sens, ils ont un double impact. D’abord sur les forces démocratiques dans le pays qui peuvent ainsi croire dur comme fer qu’elles ont la possibilité de renverser la tendance lors des prochaines échéances électorales si elles prenaient la « peine » de s’unir et d’adopter une stratégie commune dans l’intérêt et l’avenir du pays, loin des ambitions personnelles et intérêts étriqués des personnes ou des partis. C’est donc un formidable motif d’espoir qui doit redonner enthousiasme et foi aux militants démocratiques qui luttent pour l’instauration d’une véritable société démocratique et plurielle.
Le second impact concerne Ennahdha et doit l’interpeller. Ces résultats pourraient être compris comme un rejet de son double langage, mielleux pour les uns, scabreux pour les autres. Les Islamistes sont placés au-devant d’un choix primordial celui d’adopter un comportement réellement démocratique (mais le peuvent-ils ?) qui préserve la société tunisienne de cette vague terrifiante des tendances extrémistes qui se baladent en toute impunité et qui bénéficient de la complicité du pouvoir en place (où sont les agresseurs des journalistes et du profanateur du drapeau national ?).
Maintenant, il ne faut pas être clerc pour savoir l’impact des événements de La Manouba sur le vote sanction de plusieurs étudiants conscients que leur avenir personnel et national est menacé par les tendances extrémistes et religieuses qui utilisent l’Islam à des fins strictement politiques. Cependant, il faudrait aussi que les forces démocratiques ne versent pas dans l’euphorie et sachent que si la future élite du pays leur est favorable aujourd’hui, elle risque de s’en éloigner à partir du moment où on ne saura ni l’encadrer, ni la développer.
L’Union Générale des Étudiants Tunisiens doit réussir sa mutation en une organisation syndicale réellement démocratique en ayant cette capacité de s’ouvrir sur toutes les forces démocratiques et libérales du pays. Tous les étudiants doivent s’y identifier à condition de ne pas retomber dans les batailles idéologiques d’arrière garde.
Aujourd’hui, l’enjeu est trop important pour demeurer confiné à de petits cercles de militants. Et l’obligation pour l’UGET de grandir, de mûrir et de se développer est une question vitale non seulement pour l’Université, mais aussi pour l’ensemble du pays.