En marge de la conférence présentée par Azmi Bishara au palais de Carthage, le leader du mouvement Ennahdha, Rached Gahnnouchi, a déclaré, hier soir, à Nesma TV que le rôle de l’État n’est pas d’imposer la religion aux citoyens, mais de leur apporter la sécurité et le bien-être dans le cadre d’une vision humanitaire et émancipatrice.
Rached Ghannouchi, à l’instar de tous ceux qui ont pris part à cette conférence, pense, en effet, que le souci des Tunisiens est de trouver une solution à leurs problèmes liés à l’emploi et à la démocratie. Il a ajouté que le débat sur l’identité culturelle, la place de la religion dans la société et le sort de la laïcité dans nos contrées ne devrait pas diviser les Tunisiens et ne devrait pas franchir les limites de la liberté de la pensée et de l’échange des idées.Venant de la part du chef spirituel du plus important mouvement islamiste en Tunisie, cette affirmation ne peut que rassurer les Tunisiens qui observent avec inquiétude la montée phénoménale du salafisme et le silence complice des autorités.
En fait, ce n’est pas la première fois que Rached Ghannouchi se prononce dans ce sens. Pendant la campagne Ă©lectorale, il avait eu Ă dĂ©clarer en public et dans les mĂ©dias que son mouvement n’avait nullement l’intention d’instaurer un rĂ©gime thĂ©ocratique ni de remettre en cause les acquis de la modernitĂ© et de la rĂ©publique. Après la victoire de son mouvement aux Ă©lections du 23 octobre et la formation d’un gouvernement Ă majoritĂ© islamiste, il a rĂ©itĂ©rĂ© Ă plusieurs reprises ce discours rĂ©confortant. Sa position et celle du mouvement au sujet de l’insertion de la CHARIAA dans la constitution en tant que source unique de la loi a d’ailleurs Ă©tĂ© bien accueillie dans les milieux dĂ©mocrates.
Mais ces propos et prises de position contrastent avec l’attitude des autorités face à des menaces salafistes qui réclament la mise en place d’un modèle rétrograde au nom de la religion et du retour aux sources. L’affaire du NIQAB à la faculté de la Manouba n’est rien devant les appels à la haine et à l’épuration, les agressions verbales et physiques et les atteintes aux libertés.
Affirmer que le rôle de l’État n’est pas d’imposer la religion signifie aussi que l’État doit empêcher quiconque de s’arroger ce droit au détriment de la sécurité des personnes et de la société, qui est, d’après Rached Ghannouchi, l’une des principales missions de l’État.
L’autorité publique doit donc agir avec rigueur et user de ses prérogatives pour protéger les citoyens contre les atteintes à leur sécurité résultant des pratiques salafistes. Or, malgré tous les dangers que présentent ces pratiques, les autorités n’interviennent que pour donner raison ou trouver des excuses aux barbus.
