Une édition spéciale du magazine télévisuel « Saraha Raha », présenté hier soir sur Hannibal TV, a été consacrée à Moncef Marzouki.
Ă cĂŽtĂ© des images sur le somptueux Palais de Carthage et ses secrets, du reportage sur une journĂ©e de travail du prĂ©sident de la RĂ©publique provisoire et dâune toute petite partie de sa vie privĂ©e, les rĂ©ponses fournies par Marzouki ont laissĂ© transparaĂźtre des confidences trĂšs significatives dans leur portĂ©e. Baghdadi Mahmoudi ne sera pas livrĂ© Ă la Libye et Mustapha Kamel Nabli ne va plus rester Ă la tĂȘte de la Banque Centrale. Ces confidences, si on se permet de les qualifier comme telles, suscitent mille et une questions sur les relations entre les membres de la TroĂŻka. En effet, jusque-lĂ , les officiels se prĂ©valent dâune parfaite entente et osmose entre les trois prĂ©sidences pour dĂ©mentir les informations qui font allusion Ă une mĂ©sintelligence et Ă des divergences sur des questions importantes. Parmi ces questions, lâactualitĂ© fait Ă©tat de lâextradition de Baghdadi Mahmoudi et du limogeage de Mustapha Kamel Nabli.
Ă propos de lâextradition de Baghdadi Mahmoudi, la position rendue publique il y a quelques jours Ă©tait claire et sans Ă©quivoque. Selon cette position, la Tunisie, dâun commun accord entre les trois prĂ©sidences, a dĂ©cidĂ© de dĂ©livrer lâintĂ©ressĂ© Ă Libye suite Ă la stabilisation de la situation sĂ©curitaire dans le pays et aux assurances par Ă©crit exprimĂ©es par les autoritĂ©s de ce pays quant au traitement de la personne, au respect de sa dignitĂ© et le procĂšs qui lui sera fait. Pour sâen assurer davantage, une dĂ©lĂ©gation tunisienne composĂ©e dâactivistes dans les droits de lâhomme a Ă©tĂ© dĂ©pĂȘchĂ©e sur les lieux. La prise de position Ă©tait si ferme que certains ont parlĂ© de marchandage.
Mais voilĂ que dans sa rĂ©ponse donnĂ©e Ă ce propos, Marzouki a indiquĂ© que la dĂ©livrance de Baghdadi Mahmoudi est une question de principe et quâen tant que militant des droits de lâhomme, il sâopposerait Ă son extradition tant que la Libye nâest pas dotĂ©e dâun gouvernement lĂ©gitime issu dâĂ©lections libres et dĂ©mocratiques. Cela suppose quâen tant que prĂ©sident de la RĂ©publique, il ne va pas signer la dĂ©cision dâextradition.
Dans lâaffaire concernant la situation de Mustapha Kamel Nabli Ă la tĂȘte de la BCT et aprĂšs les bruits qui ont circulĂ© sur son Ă©ventuel limogeage plus ou moins dĂ©menti par les dĂ©clarations du chef de gouvernement, certains de ses ministres et quelques dĂ©putĂ©s, Moncef Marzouki a annoncĂ© que Mustapha Kamel Nabli va ĂȘtre Ă©cartĂ©.
Il a justifiĂ© sa position par le fait que la politique Ă©conomique et monĂ©taire de lâĂtat est du ressort de lâautoritĂ© lĂ©gitime qui exprime la volontĂ© du peuple. En dâautres termes, le gouverneur de la Banque Centrale doit mettre en Ćuvre la politique tracĂ©e dans ces domaines et ne pas sây opposer. Pourtant en vertu des articles 33 et 33 bis de la loi portant crĂ©ation et organisation de la banque centrale, celle-ci dĂ©tient certains pouvoirs et dispose dâune libertĂ© dâaction pour prĂ©server la valeur de la monnaie et assurer la stabilitĂ© du systĂšme monĂ©taire Ă travers des mesures rĂ©gulatrices.
InterrogĂ© sur la mĂȘme question lors dâune interview livrĂ©e rĂ©cemment Ă la tĂ©lĂ©vision tunisienne, le premier ministre, aprĂšs avoir indiquĂ© que lâindĂ©pendance de la banque centrale nâexclut pas la coordination avec le gouvernement dans le cadre des choix stratĂ©giques, a affirmĂ© que la TroĂŻka nâa pas encore pris sa dĂ©cision au sujet du gouverneur. Ce dernier a Ă©tĂ© dans la dĂ©lĂ©gation conduite par le chef du gouvernement qui a pris part aux travaux du Word Economic Forum sur le moyen orient qui sâest tenu Ă Istanbul les 4 et 6 juin 2012. Il est, par ailleurs, convoquĂ© Ă lâAssemblĂ©e constituante pour ĂȘtre auditionnĂ© le mardi 19 juin 2012 par la commission des finances, de la planification et du dĂ©veloppement. Selon Fejani Doghamane, PrĂ©sident de la commission, cette sĂ©ance dâaudition sera dĂ©terminante pour se statuer sur la dĂ©cision Ă prendre.
