Interrogé par la Radio nationale sur la situation économique dans le pays, Ezzeddine Saidane, analyste économique et financier, n’a pas été aussi rassurant que les officiels du gouvernement qui font valoir un taux de croissance de 2,2% pour justifier la réalisation de performances. Selon cet expert, les indicateurs et le vécu quotidien des citoyens démontrent que la situation est grave et risque de l’être davantage si des mesures urgentes ne seraient pas prises dans les meilleurs délais. Les clignotants sont au rouge et les déséquilibres macro-économiques ne font que s’accentuer.
Ezzeddine Saidane pense que les solutions à mettre en œuvre pour sortir de l’impasse dépendent de la clarification de la vision au niveau politique et de la réhabilitation du facteur travail.
Politiquement, il préconise la mise en place d’une feuille de route assortie d’échéance et de délais précis pour mettre un terme à la transition et au provisoire et permettre, ainsi , au pays de redémarrer sur des bases stables et solides. Il considère, en effet, que les investisseurs et les détenteurs de capitaux évitent de s’engager dans une atmosphère d’incertitude et dans un climat d’insécurité.
Quant à la réhabilitation du facteur travail, il pense que la croissance et l’amélioration des agrégats sont tributaires de la production et de la productivité et que celles-ci ne sont réalisables que par le travail et le labeur. Il est requis de produire et de créer des richesses et des valeurs ajoutées qui sont essentiels pour le développement du PIB dont près de 50% est affectés au règlement de la dette extérieure, maîtrise de l’inflation qui prend des proportions alarmantes et la résorption des déficits structurels qui empêchent la réalisation des investissements publics.
Il a mis en garde contre la création d’emplois artificiels ou la distribution des aides indemnités qui ne résolvent pas radicalement le problème de l’embauche. Il trouve que ceux qui disposent d’une source de revenu doivent s’estimer heureux par rapport aux centaines de milliers parmi les jeunes et moins jeunes, les diplômés et les non diplômes, qui sont au chômage et commencent à désespérer. Les fonctionnaires, les employés et les ouvriers dans tous les domaines ont , à côté des autorités et de la société civile, la responsabilité de faire face à ce fléau qui est la principale cause du malaise social. Il leur est demandé d’accepter certains sacrifices et de doubler d’efforts pour faciliter les créations d’emplois et la réalisation des investissements nécessaires.
Au sujet du crédit à la consommation, Ezzeddine Saidane trouve que les mesures de restriction prises par la Banque Centrale ne représentent pas la meilleure solution. Outre l’impact négatif sur le niveau de vie des citoyens, la pénalisation de la consommation peut freiner l’investissement.
Dans cette interview, Ezzeddine Saidane est resté égal à lui-même en exprimant les mêmes positions et en proposant les mêmes solutions qu’on lui connaît depuis le début de la révolution. C’est ainsi qu’à l’occasion du communiqué du conseil d’administration de la banque centrale, publié le 17 février 2012, faisant état des difficultés que traverse l’économie, il a expliqué que le seul remède à la situation est la suspension des sit in et des grèves, l’amélioration de la visibilité et la mise en route des grands projets d’investissement dans l’infrastructure.