Suite au rapprochement enclenché entre les mouvements d’Ennahdha et de Nidaa Tounes, beaucoup d’interrogations subsistent quant à la véritable nature de ces nouveaux rapports, plus lisses, comme l’a démontré la récente réunion «secrète» entre les deux leaders des deux partis, Rached Ghannouchi et Béji Caid Essebsi.
La nouvelle donne fait qu’Ennahadha et Nidaa Tounes ne se regardent plus comme des ennemis mais comme d’éventuels alliés ou partenaires dans la course au pouvoir politique. Certains voient dans ce rapprochement une manière d’éteindre l’incendie provoqué par les dissensions politiques. D’autres observent d’un mauvais œil ce partage du gâteau.
Le journal Al Fajr, quant à lui, apporterait de nouveaux éléments liés à ce rapprochement. Proche d’Ennahdha, Al Fajr a publié dans son édition d’aujourd’hui, un article qui analyse ce rapprochement entre les deux mouvements sous un autre angle.
D’après l’analyse en question, Nidaa Tounes, composé essentiellement de Destouriens et de «gauchistes» est en passe de connaître des bouleversements au sein de sa direction. Comment ? Ennahdha nourrissant la crainte de voir Nidaa Tounes se rapprocher du Front Populaire, elle a décidé de faire les yeux doux à Béji Caid Essebsi et aux Destouriens du mouvement dont les rênes sont principalement tenus par deux figures emblématiques que sont Taieb Baccouche et Mohsen Marzouk, connus pour leurs aspirations de gauche.
En se rapprochant de Nidaa Tounes, Ennahdha obligerait désormais le mouvement de Béji Caid Essebsi à isoler voire affaiblir ces deux personnalités au profit des Destouriens et donc d’Ennahdha sachant que le mouvement de Rached Ghannouchi compose, lui aussi avec d’anciens Destouriens.
L’intérêt d’Ennahdha étant que Nidaa Tounes reste dans son giron et ne se déplace pas vers le Front Populaire, l’isolement de la gauche au sein du parti de BCE serait devenu une question stratégique pour le parti au pouvoir.