Le très attendu dialogue national semble enfin avoir trouvé ses rails, même si quelques voix discordantes continuent à contester certains de ses aspects alors que d’autres doutent encore de la bonne foi de certains participants.
C’est ce moment qu’a choisi Aymen Zawahiri, chef d’Al Qaïda, pour jeter un pavé dans les mares égyptienne et tunisienne. En effet, selon une déclaration de Zawahiri, diffusée sur des forums jihadistes vendredi, il accuse les islamistes au pouvoir d’être trop conciliants et établit un parallèle entre les situations politiques en Tunisie et en Egypte.
Zawahiri appelle ainsi les Egyptiens « à se débarrasser de la bande criminelle qui s’est emparée du pouvoir par le feu et le fer ». Dans la foulée, il qualifie la situation en Tunisie de « tragédie » et s’inquiète des promesses du parti Ennahdha d’ouvrir un round de négociations qui pourrait mener à la démission du gouvernement.
Le chef d’Al Qaïda se place ainsi à rebours des objectifs du dialogue national tout en reprochant aux Frères musulmans égyptiens et tunisiens de faire trop de concessions, en se laissant piéger par « les mirages de la réconciliation ».
Cette prise de position de Zawahiri n’est pas anodine, même si elle concerne surtout la situation en Egypte qu’il qualifie de « guerre contre l’Islam ».
En établissant un parallèle avec la Tunisie, il laisse entendre que les mêmes causes produisent les mêmes effets et condamne indirectement le dialogue national.
Ces menaces d’Al Qaïda sont doublées d’un constat : celui selon lequel les islamistes en Tunisie et en Egypte sont, pour des raisons de stratégie, responsables de leurs échecs respectifs.
Par ailleurs, le dialogue national qui s’ouvre en Tunisie le sera sur fond de dissensions au sein du parti Ennahdha et de mise à l’index du groupe Ansar Achariaâ, aligné sur les thèses d’Al Qaïda.