Prévue à 10h, ce matin, une conférence de presse de l’association «Le message d’El Kasbah», tenue aujourd’hui à l’hôtel Al Hana, n’a pu avoir lieu qu’à partir de 12h. «Désolé pour le retard, mais dès ma sortie de chez moi, j’ai été pris en filature par des individus cagoulés conduisant une Audi sans immatriculation», s’était excusé, encore sous le choc, Rafik Ben Kilani, président de ladite association, et qui s’était fait spécialiste dans le suivi des activités des membres de la Ligue de protection de la Révolution. Belle entrée en la matière !
«Ils ne peuvent être que des membres de la LPR», ajouta-t-il, au sujet de ses poursuiveurs. Et d’après lui, cette même LPR préparerait, au sein de la Coordination des forces révolutionnaires, composée notamment du Congrès pour la République et du mouvement Wafa, une «seconde révolution», dont l’entame sera le sit-in prévu à la Kasbah, à partir du 17 décembre prochain. «Cette coordination vise à attaquer les institutions légitimes de l’État», affirme-t-il. «Les membres de cette coordination tenteront de former un gouvernement révolutionnaire, avec des associations et des figures politiques qu’ils présentent comme révolutionnaires, à l’instar d’Imed Daimi et d’Abderraouf Ayadi».
Ce plan serait implicitement, toujours selon Rafik Ben Kilani, qui a organisé ce point de presse pour faire ces révélations, préparé avec la collaboration du président provisoire de la République, Moncef Marzouki. «Le président venait de déclarer que le 14 décembre est le dernier délai pour trouver un consensus. Mais aucun consensus ne sera trouvé. Cette déclaration compte seulement comme préparation au sit-in du 17 décembre. L’absence de consensus sera le feu vert donné à la coordination pour mener ses actions».
Autre «activité» présidentielle que Rafik Ben Kilani interprète comme «préparatif» au sit-in de la Kasbah : le livre noir au sujet du système de propagande de Ben Ali, publié mardi dernier. Publication dont le timing est qualifié d’«étrange», par Ben Kilani.
«Ces soi-disant protecteurs de la Révolution choisissent, toujours, des dates symboliques. Le 25 juillet a été assassiné Mohamed Brahmi. Le 23 octobre, des agents de la Garde nationale sont assassinés à Sidi Ali Ben Aoun», rappelle-t-il. Pour ce qui de la phase du 17 décembre 2013 au 14 janvier 2014, présentée comme décisive par les instigateurs du sit-in de la Kasbah, Rafik Ben Kilani averti qu’elle risque de se conclure par une «catastrophe» pour les jeunes gens désœuvrés séduits par le discours prétendument révolutionnaire et revanchard de la LPR.
«La LPR mène des opérations de lavage de cerveau à travers ses pages Facebook, qui comptent, réunies, plus de 150.000 fans. Les vidéos publiées sont très largement partagées», indique-t-il. «Dans ces pages Facebook, ils appellent au coup d’État par n’importe quels moyens. Les assassinats sont des moyens parmi d’autres», analyse-t-il, par ailleurs.
Rafik Ben Kilani, militant et membre actif du sit-in «Kasbah 1» puis «Kasbah 2», acteur lors de la marche vers Sidi Bouzid, a longuement côtoyé les LPR pour les connaître parfaitement. D’ailleurs, ses nombreuses interventions à la télévision étaient toujours en rapport avec les LPR.
Khalil Abdelmoumen