L’affaire Jabeur Mejri a pris une tournure inattendue après la nouvelle d’une probable grâce en faveur du prisonnier d’opinion condamné à sept ans et demi de prison en mars 2012.
Après près de deux ans passés à la prison de Mahdia, Jabeur Mejri a pu compter sur de nombreux soutiens au sein de la société civile. Son Comité de soutien avait même déposé une demande de grâce présidentielle en juin 2013, mais en vain !
Le comité en question était toutefois loin de s’imaginer que la libération de Jabeur Mejri allait être conditionnée, répondant à un marché que seuls ceux qui n’ont plus le choix peuvent accepter.
En effet, Jabeur Mejri pourrait finalement être libéré à condition qu’il accepte d’être exilé… vers la Suède. N’ayant pas trop le choix, le détenu aurait passé un accord avec les autorités pour être gracié et envoyé vers un autre pays, en l’occurrence la Suède.
Il a accepté de vivre en exil pour pouvoir retrouver la liberté, c’est le dernier épisode d’un feuilleton faussé dès le début dans la mesure où l’affaire Jabeur Mejri n’a jamais été au centre des préoccupations des autorités alors que les appels à sa libération et les demandes de grâce se sont multipliées.
En septembre dernier, le président Moncef Marzouki déclarait même depuis Washington que «Jabeur Mejri devait rester en prison et qu’il serait relâché « au moment opportun » parce que menacé par les salafistes». Selon lui, sa libération aurait été synonyme de danger pour sa propre personne ! En novembre, Moncef Marzouki remettait ça en déclarant qu’il allait «libérer Jabeur Mejri mais qu’il attendait simplement une accalmie politique…»
Finalement, il aura fallu attendre une visite d’une délégation de la Fédération internationale des Droits de l’Homme à la prison de Mahdia pour que l’affaire redémarre et que le mécanisme de sa libération se déclenche.
Jabeur Mejri aurait accepté une «offre» d’exil émanant du gouvernement contre sa grâce. Si Jabeur Mejri n’avait pas vraiment le choix, c’est plutôt l’autre acteur qui est à blâmer. Si l’accord est avéré, cela voudra dire qu’il a été acculé à quitter son pays pour avoir exprimé une opinion. Un grave précédent dans l’après-révolution.
On le force à quitter la Tunisie sous le prétexte du danger qu’il court. On l’oblige à aller vivre dans une autre «prison» bien que la Suède ne constitue nullement un cachot. Mais l’idée de s’exiler sans en avoir le choix est la marque d’une nouvelle forme de dictature !
Jabeur Mejri est désormais condamné à vivre en exil… C’est l’idée que se font de nombreux Tunisiens sur les réseaux sociaux, critiquant ce marché et surtout vilipendant la justice tunisienne.
