Quand on est face à certains chiffres où que l’on soit confronté à certaines réalités, on a envie de dire que l’islamisation rampante de la société, que d’aucuns dénoncent à cors et à cris, n’a pas, à proprement parler, de justification dans le comportement social du Tunisien.
Un des paradoxes, et pas des moindres, de notre société réside dans l’augmentation de plus en plus sensible de la consommation de la bière, du vin et des spiritueux. Une augmentation que n’explique aucunement la détérioration considérable du pouvoir d’achat des Tunisiens, ni la chasse aux marchands clandestins d’alcool, livrée sans répit par les policiers et par des religieux, principalement des salafistes, qui ont pratiquement rayé la présence de l’alcool dans la majorité écrasante des quartiers populaires et populeux de Tunis.
Comment expliquer que, uniquement pour la bière locale, le chiffre d’affaires de la SFBT a enregistré une hausse de 18,78% pour passer de 21.406.119 dinars en 2011 à 25.425.743 dinars au titre de l’année 2012 ? Ceci sans compter, évidemment, les autres brasseurs.
Le phénomène est peut-être assez complexe pour être soumis à une analyse simpliste et quasi manichéenne de religiosité ou non-religiosité.
Certains, par pure plaisanterie, s’amusent à dire qu’ils sont devenus pratiquants, par nécessité, et qu’ils sont passés des cinq bières aux cinq prières pour des raisons économiques. Autrement dit, pour faire dans la fiction chiffrée, les quelque 500 mille bouteilles de bière (quantité quotidienne consommée selon les chiffres de la SFBT) sont ingurgitées par un potentiel irréductible de 100 mille buveurs.