Le programme du nouveau gouvernement présenté par Mehdi Jomaâ lors du vote de confiance à l’ANC n’a pas réussi à recueillir l’unanimité. Flou, vaste, ambigu, présomptueux… C’est avec ces mots qu’on a qualifié alors le speech du chef du gouvernement sous la coupole de l’ANC.
Il fallait alors attendre les premiers jours de sa prise de fonction pour dénicher les axes de priorités de l’ex-ministre de l’Industrie dans le gouvernorat Laârayedh. Et il ne nous a pas laissé sur notre faim !
On découvre ainsi que le souci majeur de Mehdi Jomaâ est de donner un coup de lifting à un visage de la Tunisie tout de rouge marqué par tant de gifles et de maladresses politiques. Un visage terni par tant d’errements politiques et de gabegies diplomatiques. Il est vrai que l’approbation de la nouvelle constitution et la confiance accordée à un gouvernement apolitique autour duquel on a amassé un semblant de consensus, ont refocalisé l’attention de la société internationale sur ce pays-berceau du printemps arabe. Mais on a très vite compris qu’il fallait plus d’effort pour «reconquérir» le monde et se réconcilier avec amis, proches et alliés traditionnels.
Et les premières gouttelettes de cette réouverture sont venues d’Allemagne. Le ministre allemand des Affaires étrangères, qui s’est entretenu hier avec Mehdi Jomaâ, a félicité ce dernier pour sa prise de fonctions, mais il a aussi réitéré le soutien de son pays à la transition démocratique en Tunisie et la volonté de l’Allemagne de renforcer la coopération économique bilatérale.
Une pluie de visites va d’ailleurs tomber puisque plusieurs chefs d’Etat dont le président français, François Hollande et diplomates étrangers seront parmi nous vendredi prochain (7 février) afin de participer à la célébration officielle de la ratification de la constitution tunisienne.
En attendant c’est le vice-secrétaire d’Etat américain William Burns qui sera sous nos cieux pour une brève visite officielle au cours de laquelle il rencontrera notre nouveau premier ministre.
Le nouveau chef du gouvernement aura un début de mois de février très actif puisque aussitôt la visite du vice-secrétaire d’Etat américain achevée, il se rendra chez nos amis algériens pour son premier voyage à l’étranger depuis son investiture. Une visite de deux jours (1er et 2 février) qui permettra à Mehdi Jomaâ de donner un nouvel élan aux relations bilatérales entre les deux pays voisins notamment en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et la contrebande.
C’est donc sur le terrain que le nouveau chef du gouvernement préfère étaler ses axes de priorité. Pas très habile dans les speechs, le terrain semble être son terrain de chasse préféré.
Saura-t-il relooker l’image de la Tunisie et effacer d’un seul revers les atermoiements d’une diplomatie qui constituait jusque-là le talon d’Achille de ses prédécesseurs ?