Après la victoire de Nidaa Tounes en première position et d’Ennahdha en deuxième lors des législatives du 26 octobre, quelle genre de coalition se fera-t-elle au niveau de l’Assemblée des représentants du Peuple, au prochain gouvernement, voire lors des présidentielles ?
Comment le parti de Nidaa Tounes pourra-t-il constituer une « alliance » au niveau du gouvernement avec le parti islamiste, contre lequel il s’est positionné en se distinguant par « le projet moderniste » et dénigré au point de réduire le choix des électeurs en avertissant les Tunisiens que « ne pas voter Nidaa Tounes, c’est voter Ennahdha ». [1]
De son côté, Ennahdha chercherait une « alliance historique » avec Nidaa Tounes, d’après l’un de ses leaders Ajmi Lourimi, qui nous l’a confié au mois de septembre dernier [2], bien que sa base refuserait un tel choix. Par ailleurs, pour le parti islamiste, la force de persuasion de son leader Rached Ghannouchi alignerait ses partisans, comme d’habitude, sur la décision qu’il prendra avec le conseil de la Choura.
Et pour persuader, le journal islamiste Al Fajr a déjà commencé le travail, notamment ce vendredi 7 novembre, date symbolique de l’ancien régime, en affichant sa position à vouloir rapprocher les deux camps antagonistes en titrant à sa une : »Ennahdha et Nidaa : L’entente est meilleure pour la Tunisie », article écrit par son rédacteur en chef Mohamed Fourati.
Pour ce dernier, il s’agit surtout de « l’intérêt national et de la protection de l’expérience tunisienne qui exhorte vers l’entente et l’accord ».
Nonobstant, pour Nidaa Tounes, qui a bâti sa victoire sur un vote « contre Ennahdha », le parti se retrouve dans un dilemme qui semble pousser ses principaux « porte-paroles » à esquiver, à chaque entretien journalistique, la question de l’alliance, en relativisant « son refus de le faire avec le parti islamiste » par la locution « pour l’instant ». [3]
En effet, au sujet de l’alliance au sein du prochain gouvernement que son parti se chargera de former et des coalitions au sein de l’Assemblée du Peuple, Béji Caid Essebsi s’est abstenu de répondre, dans le journal Lepoint Afrique, avançant comme argument le fait que « les élections sont un package législatives-présidentielles » et que ce n’est qu' »après ce processus qu'[il] déciderait ».[3]
Idem pour leader du parti Mohsen Marzouk qui a usé de la locution, « pour l’instant », sur Nessma TV le 28 octobre, assurant qu’il faudra attendre les résultats définitifs des législatives et terminer les présidentielles ».
[1] Phrase de Béji Caid Essebsi lors de son meeting du 21 octobre, à Hammam-Lif.
[2] : Interview avec Taieb Baccouche : Ajmi Louri pose une question à M. Baccouche en dévoilant l’intention d’Ennahdha d’avoir une « coalition historique » avec Nidaa Tounes.
[3] : Interview de Béji Caid Essebsi dans le point Afrique et interview de Mohsen Marzouk sur Nessma Tv.