Tunis-Hebdo | Autrefois, l’un des sujets de fierté des Tunisiens quand ils revenaient d’un pays pauvre ou surpeuplé est la « propreté » de leur pays comparé à des contrées africaines, asiatiques ou carrément arabes.
On avait droit à des propos de concitoyens « horrifiés » par la pollution indescriptible de villes comme le Caire, où un incommensurable nuage noir flotte en permanence sur la capitale égyptienne. On entendait des commentaires tout aussi irrités par l’insalubrité ambiante de la même ville et le mépris déroutant de l’hygiène au sein du ros de sa population.
Entre trottoir recouverts de crasse, montagnes de poubelles en putréfaction sous un soleil de plomb et les odeurs insoutenables que l’on imagine, le gros des quartiers du Caire croulent sous la saleté et au milieu de tout cela des vendeurs ambulants de bouffe et de boissons en tous genres qui exposent leurs marchandises dans cet univers « bactériologique » à haut risque.
On écarquillait les yeux à l’écoute de récit sur des villes indiennes comme Calcutta, où des vaches « sacrées » mortes se décomposaient à même les trottoirs, les chaussées et les places publiques. Les dizaines de milliers de miséreux, presque nus, qui mendient dans les rues, la présence assez impressionnante de rats, d’une autre espèce, qui, visiblement, n’ont pas peur des passants et circulent avec eux sans peur ni reproche.
On écoutait, non sans dégoût, des récits sur des contrées africaines où l’eau est si rare que les gens ne se lavent quasiment jamais et où on mangeait des aliments avariés et ramassés à même les poubelles.
Et puis, les Tunisiens d’autrefois prenaient ces airs de supériorité qui flattaient leur amour propre de citoyens au-dessus de la mêlée du hit-parade des villes insalubres de la planète.
C’était autrefois, du temps où l’on se faisait verbaliser pour un petit tas de gravats jetés dehors. Du temps où les éboueurs – malgré l’incivisme et la saleté qui caractérise une bonne partie des Tunisiens – faisaient correctement leur boulot (sous l’emprise de la peur et de la précarité, il faut le dire).
Du temps où les espaces verts et les parcours de la santé étaient gardés et regorgeaient de verdure. Du temps où seuls les gros « pistonnés » pouvaient construire des « extensions » sur les trottoirs.
Aujourd’hui, les Tunisiens sont bien gâtés, en cinq ans, ils n’auront plus de sujet de fierté. La rue la plus sale du Caire est désormais un fleuron de propreté à côté de l’avenue la plus propre de Tunis.
Certes, nous n’en sommes pas encore aux rues de Calcutta, mais ça ne va pas tarder, il n’y a qu’à voir le nombre de femme qui crachent dans la rue. Autrefois, c’était indécent de la part d’une femme, maintenant, c’est une pratique tolérée, un domaine où la femme a rejoint l’homme pour prouver que l’égalité des sexes on ne crache pas dessus.
I.B.H.