Tunis Hebdo | Cela fait seulement une dizaine de jours que Youssef Chahed est aux commandes du nouveau gouvernement dit d’union nationale. Trop peu, bien sûr, pour juger ses initiatives ou ses décisions, car il n’en a pris aucune jusqu’ici !
On ne peut guère le lui reprocher dans la mesure où il serait probablement en phase d’évaluation, d’étude et de réflexion avant de prendre une quelconque résolution dans tel ou tel secteur d’activité.
En réalité, l’entrée en matière de Youssef Chahed et de son équipe a été bien mouvementée pour ne pas dire plutôt compliquée avec des événements qui ont secoué le pays et traumatisé les citoyens.
Le premier fait est relatif à la recrudescence du terrorisme sur les hauteurs du mont Sammama ou aux alentours de Kasserine qui nous ont coûté, malheureusement, encore quelques-uns des fidèles enfants de ce pays qui n’hésitent pas de se battre pour le sauvegarder et d’offrir leurs vies pour en assurer sa pérennité.
Ce « réveil » des marchands de la mort ne manque pas de laisser perplexe. Car, il intervient au moment où le nouveau gouvernement entame son travail un peu comme un signal qui lui est adressé pour lui dire que « nous sommes encore là, et bien décidés à poursuivre notre œuvre de déstabilisation. »
Cela ne fait en réalité que conforter notre conviction qu’il existe des mains occultes qui sont en train de manipuler les terroristes chez nous, lesquels semblent bénéficier de larges complicités dans plusieurs villes, villages et quartiers du pays.
La lutte doit donc continuer avec la même rigueur et surtout la même efficacité, les forces de sécurité, soutenus par l’écrasante majorité des citoyens, ayant réussi ces derniers temps à porter de rudes coups aux terroristes.
Il convient aussi de souligner dans cette lignée, le « conflit » qui oppose l’Etat au Parti Ettahrir lequel veut continuer à avoir des activités publiques alors qu’il est la négation même de l’Etat, rejette la Constitution et milite ouvertement pour le Califat.
Certes, et sur ce plan, il n’est pas différent des autres tendances islamistes actives sur la scène politique, mais il est plus direct, moins « compromis » ! Cette fois, il semble que les autorités politiques sont désormais décidées à réagir et à mettre en place les procédures de dissolution et de mise hors-la-loi après la publication d’un communiqué d’une rare violence qui dévoile son caractère extrémiste.
Le second est ce terrible drame qui s’est produit dans la localité de Khmouda, encore près de Kasserine, qui a provoqué le décès de seize paisibles citoyens ainsi que plusieurs dizaines de blessés un jour de souk hebdomadaire.
En attendant les conclusions de l’enquête relative à cet « accident » qui détermineront ses tenants et ses aboutissants, il est impératif que les autorités administratives compétentes, régionales ou locales, revoient leur mode de fonctionnement et le mode d’organisation de la vie dans leurs localités respectives en attendant la tenue des élections municipales qui ne semble plus constituer, aujourd’hui, une préoccupation particulière ou une priorité pour les autorités politiques du pays.
Or, c’est l’anarchie qui est actuellement aux commandes et qui sévit un peu partout. Réorganiser ce genre d’activités en leur réservant des lieux bien fixes, en organisant les entrées et les sorties, en prenant des mesures strictes de circulation les jours de marché, et bien d’autres décisions à même de redonner un nouveau sens à la vie en société et au vivre ensemble dans notre pays.
Il s’agit d’une nécessité absolue pour le pays afin de redonner un semblant d’organisation à une société éclatée, et, où l’individualisme et l’égoïsme se sont érigées en valeurs absolues.
Maintenant, et sans qu’il ait un mérite quelconque, Youssef Chahed voit la Compagnie de Phosphate de Gafsa semble reprendre son activité. Sur ce plan, le nouveau Chef du gouvernement vient de bénéficier du « coup de main » de l’UGTT dont la section régionale de Gafsa a appelé les « protestataires » à mettre fin à leur mouvement et à lever le blocage de la production du Phosphate dans les différentes unités de production à Metlaoui, Moularès, Redeyef ou Om Laarayes.
En même temps, les responsables syndicaux appellent le gouvernement à respecter ses engagements, notamment ceux qui pourraient assurer la réalisation du programme de développement promis. Il est indéniable que cet appui, quoique conditionné de l’UGTT, est fort précieux pour Youssef Chahed.
Il devrait l’exploiter afin de détendre enfin l’atmosphère dans la région et de donner d’autres motifs d’espoir à toute la population. Mais, cela nécessite aussi de la « compréhension » et de la patience de tous les intéressés afin de trouver graduellement des solutions aux multiples problématiques de développement de ces régions défavorisées.
Il reste maintenant à demeurer ferme pour s’opposer à certaines tentations exclusives ayant émané de certaines parties qui ont exprimé leur appropriation des richesses du sous-sol, et le réserver quasi-exclusivement aux régions concernées.
Ces slogans sont très dangereux pour l’unité nationale et cette union sacrée qui doit cimenter les rapports entre tous les citoyens envers un objectif unique, l’intérêt national.
Autrement dit, les dernières déclarations du leader islamiste consistant à réserver une partie des richesses de la région à son développement sont inacceptables de par leur caractère populiste et qui ne peut qu’encourager à jeter les bases de la scission et les germes de la division et de la discorde.
Maintenant, on attendra les premiers pas de Youssef Chahed. Ils seront décisifs pour mettre le pays sur un chemin clair, reposant sur des principes sacro-saints, la recherche de la justice sociale, de l’égalité, de l’équité et de la préservation des richesses et de la souveraineté du pays. Autrement, c’est l’échec qui lui serait promis…
L.L.
