L’Etat a perdu 4,2 milliards de dinars nets en équivalent devises du fait de la dévaluation du dinar entre 2016 et 2017, estime l’Observatoire Tunisien de l’Economie. Dans son analyse, l’OTE estime également que cette dévaluation a constitué un manque à gagner pour l’Etat en équivalent devises, du fait du statut des entreprises non-résidentes, à hauteur de 1,2 milliards de dinars sur cette même période.
Selon l’OTE, le commerce extérieur de biens en Tunisie est séparé en deux. Le premier aspect concerne les exportations et les importations des entreprises résidentes qui ont un impact direct sur les réserves de devises. Le second aspect concerne les exportations et les importations des entreprises non-résidentes. Celles-ci n’ont pas d’impact direct sur les réserves de devises du pays.
L’OTE cite ici l’article 6 de la Loi 72 qui permet aux entreprises non-résidentes de ne pas rapatrier les recettes de leurs exportations. En contrepartie, elles ne puisent pas dans les réserves de devises du pays pour leurs importations.
Cette séparation est structurelle, étant donné que, selon les chiffres de 2017 de la Banque centrale de Tunisie (BCT), 60 % des exportations et 27% des importations en Tunisie, sont réalisées par des entreprises non-résidentes, et donc n’ont pas d’impact positif ou négatif sur les réserves de devises du pays.
Mais l’OTE estime que l’impact de la dévaluation du dinar est réel et qu’en cumulé sur les années 2016 et 2017, l’Etat a perdu l’équivalentnet de 4,2 milliards de DT en devises uniquement due à la dévaluation du dinar (voir figure). D’un autre côté, l’Etat se retrouve face à un manque à gagner, sur la même période, d’un équivalent de 1,2 milliards de DT en devises du fait de la concession sur le régime de change faite aux entreprises non-résidentes dans la loi 72 (article 6).
Quand bien même l’Etat récupèrerait ces devises, le bilan de la dévaluation sur les réserves en devises serait toujours négatif à hauteur d’un équivalent de 3 milliards de DT en devises. Ainsi, l’Etat ne profite pas du gain de compétitivité dont bénéficient les entreprises non-résidentes totalement exportatrices grâce à la dévaluation, mais il paye les conséquences négatives de cette dévaluation sur les importations des entreprises résidentes.