Tribune | Par Samia Sehili
Pour un été laborieux, nous convînmes d’un think tank : une réflexion sur l’école. L’école, mon dada, mon obsession en réalité. Et je crois que mes partenaires dans cette réflexion connaissent mon idéalisme mais aussi mon acharnement dans le travail. Je connais leur implication culturelle, musicale, littéraire, historique. Des intervenants du métier feront partie de notre laboratoire d’idées, à chacun son intitulé, sa date.
Qu’est-ce que l’école ?
Diagnostic ou autopsie (aïe !) ?
Les exigences de tout système éducatif ?
La réalité du pays ?
Les nombreux dysfonctionnements de l’école tunisienne ?
Les impératifs scolaires et la volonté politique ?
Mon école : utopiste ? Et puis après ?
23 ans d’enseignement et d’implication totale. Ici et là. Ainsi et autrement. Consensuelle et va-t-en-guerre féroce. Exigeante et humaniste. Humblement. Burn-out.
Mes maîtres à penser m’apprennent tous les jours un savoir immense. Je fonctionne avec au gré de mon nouveau rythme. Plus question de rouler à tombeau ouvert. Mais la pédagogie sera mon cheval de bataille depuis mon repaire. Quelques percées. Et beaucoup de travail. Quand même. Je crois que je suis dans l’ignorance de mes origines japonaises.
L’école devra changer du tout au tout. Et urgemment. Tout revoir. De la formation des éducateurs à la logistique, aux moyens nouveaux de transmission du savoir. Il y a fort à dire et surtout fort à faire. Pourvu que l’objectif suprême reste le même : mener l’apprenant à sa propre valeur.
Le pays a-t-il un projet Ecole ? Depuis 2011, y a-t-il eu un projet Ecole ? Une refonte, une restructuration, une vaste réflexion ? A-t-on créé à la tête du ministère de l’Éducation nationale un Comité de fabrications d’idées chargé d’innover ?
Les apprentissages vieux de plusieurs décennies ont-ils des chances d’être « relookés » ( humour terminologique, pour être dans l’air du temps ) ?
L’évaluation va-t-elle se dépoussiérer des oripeaux du passé ?
Le droit à l’éducation est-il encore à l’ordre du jour ?
L’échec sera-t-il banni ?
Les moyens financiers seront-ils mis au service de l’école ?
Les politiques que nous avons choisis sauront-ils faire ? Veulent-ils faire ? Quelles sont leurs priorités ? Savent-ils seulement que le pays regorge de talents ?
Menons nos enfants au Savoir.
Inventons un faire pédagogique nouveau.
Permettons à nos apprenants d’exister dans le monde.
Parlons trois à cinq langues dès le préscolaire.
Allons voir les autres institutions éducatives et faisons-les vernir chez nous.
Donnons à nos apprenants l’habitude de s’exprimer sur tout.
Qu’ils soient nourris de notre formation permanente et que leur soit donnée la possibilité de se faire entendre de nous.
Aujourd’hui, à l’heure où nous respirons, l’apprentissage est un processus de vie, entière. Que l’on puisse respirer longtemps pour espérer partir avec le moins de zones d’ombres. Amen.
Nota bene. Le Think Tank « Quelle école pour demain » se réunira au B7L9 tous les mercredis des mois de juillet et août.