Cette crise aura trop duré. Alors que le président de la République semble retarder cette cérémonie, les nouveaux ministres ayant obtenu l’aval des députés s’impatientent pour prêter serment et commencer leurs missions.
D’ailleurs, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a reçu, ce vendredi 29 janvier, au Palais du gouvernement à la Kasbah, les nouveaux ministres qui ont obtenu, mardi dernier, la confiance du Parlement. Selon un communiqué de la Présidence du gouvernement, Mechichi a appelé les nouveaux membres de son équipe gouvernementale à consentir les efforts nécessaires pour appliquer la politique du gouvernement, mettre en œuvre ses plans et lancer les réformes urgentes, loin des tiraillements politiques.
Mechichi a souligné que la Tunisie traverse actuellement une période délicate. « Une des étapes les plus difficiles de son histoire », a-t-il dit, marquée par des difficultés politiques, sanitaires, économiques et sociales. « La conjoncture actuelle exige l’unité entre les l’ensemble des Tunisiens, la classe politique et les institutions de l’Etat », a-t-il soutenu.
Mechichi a, toutefois, assuré que les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds ont, toujours, confiance en la Tunisie et sa capacité à surmonter ses crises, estimant que sortir de la crise est tributaire de la conjugaison de tous les efforts en vue de « sauver le pays ».
Une seconde correspondance a été adressée ce jeudi 28 janvier 2021 par la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à la présidence de la République quant aux résultats de la séance plénière après le vote en faveur des ministres proposés dans le remaniement opéré par Hichem Mechichi.
Cette correspondance, envoyée pour la deuxième fois; est considérée comme une étape procédurale nécessaire dans le cadre du respect des dispositions de la Constitution et du règlement intérieur du parlement, rapporte Mosaique fm. Le président de la République, Kais Saied, devrait par la suite inviter les ministres endossés à prêter serment.
Il est à rappeler que le chef de l’Etat, Kais Saied a envoyé pour sa part une correspondance à l’ARP pour signaler une erreur dans sa correspondance initiale.
Quelques heures avant le vote de confiance aux nouveaux ministres, le chef de l’Etat Kais Saied, lors d’un conseil de la sécurité nationale, avait menacé de ne pas convoquer les ministres liés à des dossiers de justice, de corruption ou de soupçons de conflits d’intérêts pour prêter serment. En effet, pour lui « les ministres liés à des conflits d’intérêts ne peuvent pas prêter serment », s’opposant fortement à ce remaniement, finalement approuvé par l’ARP.
En dépit de ces « menaces présidentielles », le chef du gouvernement Hichem Mechichi a décidé de ne pas opérer aucun changement sur son remaniement et de forcer la main du chef de l’Etat en optant pour un passage en force, jouissant d’une majorité parlementaire assurée par son coussin politique, dont notamment Ennahdha et Qalb Tounès.
Dans ce cas que va faire Kais Saied ? Optera-t-il pour l’escalade et s’obstinera-t-il à convoquer ces ministres liés à des soupçons de corruption et de conflits d’intérêts ? Si c’est le cas, une crise institutionnelle et constitutionnelle est en vue, car la Constitution n’est pas claire à ce sujet et reste sujette de multiples interprétations.