Dans une interview accordée à « La tribune Afrique » Karim Elloumi, commandant de bord chez Tunisair et surtout président de la Fédération tunisienne des pilotes de ligne revient sur la crise de la compagnie aérienne.
Karim Elloumi fait plusieurs constats. Selon lui, il s’agit avant tout d’une crise au sein du transport aérien tunisien dont la politique reste floue et sans vision. « Les deux transporteurs nationaux tout comme les compagnies privées souffrent de lacunes réglementaires et n’arrivent, par conséquent, pas à concurrencer les autres compagnies ».
Abordant le cas de Tunisair, Karim Elloumi compare la compagnie à un ministère avec sa « lourdeur administrative ». De ce fait, « Tunisair n’est pas réactive par rapport à certains marchés ».
« Le directeur général a toujours été nommé par le gouvernement. Et ce dernier, naturellement, choisit soit un politique, soit quelqu’un ayant l’intention d’en devenir un, soit quelqu’un ayant une influence proche d’un parti ou de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ».
Et d’ajouter que « depuis près de six ans, l’UGTT a une mainmise sur la gestion interne de la compagnie. Tout cela constitue une structure de coûts qui s’alourdit au fil du temps et rend la compagnie lente dans sa prise de décision, sans aucune vision, sans aucun projet, sans aucune prévision ».
Karim Elloumi estime que « Tunisair souffre depuis la révolution d’une baisse d’activité et de mauvaise gestion ». Selon lui, « chaque PDG qui vient, tente de faire quelque chose, mais se retrouve confronté à une centrale syndicale puissante qui a ses propres intérêts ».
Mais « le premier responsable de la situation de Tunisair est l’absence de l’Etat », estime-t-il car « en tant qu’actionnaire principal, l’Etat n’a pas joué son rôle ».