Toujours sans Chef du gouvernement ni de plan de sortie de crise, les Tunisiens s’attendaient à une allocution claire, mais Kais Saied, fidèle à ses habitudes, est resté mystérieux dans ses intentions.
Le discours prononcé par le président de la République à Sidi Bouzid a fait réagir plus d’un. Cette apparition médiatique, moquée et critiquée dans son volet technique, est venue près de deux mois après l’annonce des mesures exceptionnelles du 25 juillet.
Lors de son discours, le chef de l’Etat a annoncé que des dispositions transitoires ont été mises en place conformément à la volonté du peuple. Et d’ajouter que selon ces dispositions, un chef de gouvernement sera nommé et un projet d’une nouvelle loi électorale sera élaboré, ajoutant que les dispositions exceptionnelles restent en vigueur.
Cette déclaration a été rapidement traduite : il s’agit d’une suspension de la Constitution. Certains l’ont soutenue, d’autres ont estimé qu’on ne peut modifier, ratifier ou annuler la loi électorale déjà existante qu’à travers le changement de la Constitution et la suspension de ses articles jusque là appliqués.
C’est à cet effet que Naoufel Saied, frère du président, a tenu à clarifier ce point, via un court post publié sur son compte Facebook. Il a expliqué que le maintien des mesures exceptionnelles nécessite la mise en place de dispositions transitoires, mais cela ne signifie pas nécessairement la suspension de la constitution.
Du même avis, le Directeur du Département de droit public à la Faculté de droit et des sciences politiques, Sghaier Zakraoui, a également estimé qu’on ne peut pas affirmer que l’annonce de nouvelles dispositions ne signifie pas la suspension de la constitution.
Il a rappelé toutefois, sur Mosaique fm, que le chef de l’Etat est aujourd’hui tenu de publier le texte relatif à l’organisation provisoire des autorités et de nommer un Chef du gouvernement
Dans le même cours d’idées, le dirigeant au mouvement Echaab, Haykel Mekki, a considéré que le discours du président représente une « annonce présidentielle » du passage de l’Etat mafieux à l’Etat du peuple malgré le chemin difficile et long qui attend le pays.
Pour sa part, le secrétaire général du Mouvement Echaab, Zouhair Maghzaoui, a confirmé dans une déclaration accordée à Mosaïque fm que son parti approuve le discours du président Kais Saied, considérant que les annones entrent dans le cadre des réformes politique.
Il a expliqué que le président de la République parlait d’un ensemble de valeurs auxquelles il croyait tout en restant au cœur de la constitution.
« Aujourd’hui, la Tunisie est soulagée, en attendant la formation d’un gouvernement pour lancer une nouvelle dynamique et engager de profondes réformes politiques, économiques et sociales », a ajouté Maghzaoui.
De son côté, le chef du bloc parlementaire de Qalb Tounes, Oussema Khelifi a publié sur son compte Facebook un court message, dans lequel il estime que Saied s’est politiquement suicidé.
« Il s’est suicidé et l’État doit se protéger de l’effondrement avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il écrit.
La réaction du dirigeant nahdhaoui Rafik Abdessalem était plutôt indirecte et sarcastique. Publiant une capture d’écran de la chaine Watania 1 au moment du discours du président.
Ecran passé à la couleur verte, Abdessalem a estimé qu’il s’agit d’une indication de l’arrivée de la « marée verte » de la Jamahiriya en Tunisie, en référence au régime de feu Mouammar Gueddafi.