Le Collectif de défense des deux martyrs, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, a fait de nombreuses révélations concernant les assassinats de Chokri Belaid (le 6 février 2013) et de Mohamed Brahmi (le 25 juillet 2013).
Les révélations d’aujourd’hui ont levé le voile sur beaucoup de zones d’ombres. reste à savoir si les véritables commanditaires de ces deux assassinats politiques seront rattrapés par la justice.
Blocages
Lors de la conférence de presse tenue ce mercredi 9 février 2022, Ridha Raddaoui, membre du Collectif de défense Belaid-Brahmi, a révélé que la ministre de la Justice, Leila Jaffel, a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative contre le Procureur de la République près la Cour d’appel pour avoir refusé de diligenter une enquête sur l’appareil « secret » du mouvement Ennahdha et sur la « chambre noire ».
C’est en janvier dernier que la ministre de la Justice, Leila Jaffel a autorisé le Procureur général de la Cour d’appel de Tunis, à confier au ministère public du Tribunal de première instance de Tunis, l’ouverture d’une enquête sur cet appareil « secret »
Cette décision faisait suite à une plainte déposée auprès de la ministre de la Justice, en sa qualité de cheffe du ministère public, par un membre du comité de défense des deux martyrs contre plusieurs personnes, pour des crimes liés à la sécurité de l’Etat.
Il s’agit d’une nouvelle étape dans cette affaire ! Rappelons que le 23 septembre 2019, le Procureur de la République près le pôle judiciaire avait dévoilé les étapes de l’instruction concernant les procédures de trois plaintes relatives à « l’appareil secret » du mouvement Ennahdha et les différentes étapes de l’instruction de l’affaire.
Cette affaire était revenue sur le devant de la scène lorsque le collectif de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi avaient indiqué avoir épuisé tous les moyens concernant l’affaire de « l’appareil secret d’Ennahdha », et signalant que le parquet près du tribunal de première instance de Tunis n’avait pas émis la décision de transférer ladite affaire au juge d’instruction.
Le 31 décembre 2019, le Tribunal de première instance de Tunis annonçait ensuite que les trois affaires avaient été étudiées par le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme qui avait décidé de s’en désister et de charger le premier juge d’instruction du Bureau 32 de ces trois dossiers.
La première plainte a été déposée par 43 députés et la deuxième plainte a été introduite par le parti du Courant populaire. Ces deux plaintes avaient été saisies par l’unité nationale de recherche dans les crimes terroristes d’El Gorjani avant d’être transférées au Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme le 20 septembre 2019.
La troisième plainte saisie par l’unité nationale de recherche dans les crimes terroristes relevant de la Garde nationale d’El Gorjani, a été présentée au Procureur de la République près le tribunal militaire permanent de Tunis par le parti Watad.
Lenteur « délibérée »
D’après aussi Kouthaier Bouallègue, membre dudit comité de défense, le procureur général d’Etat a refusé l’application des instructions de la ministre de la Justice d’engager une enquête sur ces deux dossiers. Il a, à ce propos, accusé le président du Conseil supérieur de la magistrature, Youssef Bouzakher, « d’être à l’origine de ce refus ».
Il a fait savoir que l’appareil secret d’Ennahdha est impliqué dans l’affaire des assassinats politiques, précisant que 26 plaintes ont été déposées à l’encontre des dirigeants du parti islamiste.
« Seuls 10 personnes ont été poursuivies en justice tandis que les 16 personnes restantes dont Rached Ghannouchi, n’ont pas comparu devant le tribunal. Nous avons de ce fait décidé de porter plainte contre tous les magistrats ayant caché des preuves, perturbé le bon déroulement de cette affaire et qui n’ont engagé aucune action judiciaire dans l’affaire dite de l’appareil secret d’Ennahdha et de la chambre noire », a t-il dit.
Kouthaier Bouallègue a également souligné que les deux juges d’instruction qui ont été saisis n’ont donné aucune suite et n’ont pris aucune mesure dans ce dossier, avant de demander leur mutation. « Le Conseil supérieur de la magistrature a répondu favorablement à leur demande et le dossier a été oublié », selon ses propos.
Multiples accusations contre Bechir Akremi
Faten Mahnaoui, membre du Collectif a révélé que l’ancien Procureur de la République, Bechir Akremi, « est impliqué dans l’affaire de l’appareil secret du mouvement Ennahdha et qu’il est également visé pas quatre enquêtes, devant le tribunal de première instance de Tunis.
« Bechir Akremi a commis des crimes contre la sûreté de l’Etat et a été monnayé au service des parties étrangères », a-t-elle accusé, ajoutant qu’il est aujourd’hui accusé de faux et usage de faux, de destruction de documents et de participation à un meurtre avec « préméditation ». « Il est aussi accusé par la justice militaire d’espionnage et de complot contre la sûreté de l’Etat », a-t-elle lancé.